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Métiers : Bijoux berbères : des techniques uniques

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Il faudrait des doigts en or pour travailler de l’or. Au Maroc, confectionner des bijoux est en effet considéré comme un art. C’est avec beaucoup de patience et d’ardeur que l’artisan imagine et dessine des modèles pour faire rêver les femmes de son pays. Le bracelet, le pendentif, la bague demandent chacun un savoir-faire et des techniques uniques. Les modèles évoluent dans le temps selon les modes et les inspirations des artisans en rendant toujours un hommage au passé. En or ou en argent, le bijou accompagne la Marocaine tout le temps. Il lui apporte, plus qu’un souci d’apparence, un bien-être personnel. Il sait se faire discret comme il sait se montrer imposant et majestueux lors de grands événements.
Créer des bijoux est donc une tradition millénaire au Maroc. Depuis longtemps que ce soit dans les ruelles des villes impériales ou sur les hauteurs de l’Atlas, le bijoutier était un roi. Au fil des années, deux styles ont marqué cet artisanat. D’abord les bijoux citadins, en or ou en argent doré, finement ciselés, ajourés, filigranés, rehaussés de pierres ou de perles, rappellent les bijoux de l’Andalousie médiévale. Les citadines les préfèrent finement ciselés de motifs, floraux pour la plupart, très légèrement creusés; rehaussées de pierres précieuses souvent en cabochon (émeraudes, diamants, grenats, rubis très clairs dits de « Fès »). L’or est généralement travaillé à Essaouira, Fès et Tanger. Pour ce qui est des citadins, leur souci de respecter les préceptes de l’Islam, interdisant aux hommes le port de l’or, les laisse préférer des métaux beaucoup plus simples, tels l’argent.
Il y a ensuite les bijoux ruraux. En argent, aux motifs plus austères mais de formes très variées, témoignent des influences espagnoles et africaines qui se sont mêlées sur le sol berbère. L’argent est ainsi signe de pureté dans la tradition marocaine, beaucoup plus qu’un simple métal de décoration ou de panure.
L’argent fait l’objet de tout un ensemble de témoignages à travers les temps, que les bijoutiers ont illustré par des gravures et des formes puisant leurs origines dans les histoires des tribus. C’est un style qui s’est en premier développé dans la campagne, dans le Sud surtout où le goût pour la parure est très vif, et les bijoux berbères ont eux aussi leur somptuosité. L’art du bijou d’argent s’est en effet concentré dans le Souss : Tiznit, Inezgane, Taroudannt sont connues pour leur souk des bijoutiers où sont vendues de belles pièces anciennes. Si l’homme dans ces régions berbères porte en général peu de bijoux.
En revanche, la richesse des armes qu’il peut arborer, notamment lors des fêtes est liée à son rang social. L’ornement des armes s’est ainsi développé en parallèle à la confection des bijoux féminins.
Bracelets, colliers, bagues et bijoux de tête sont ainsi de mise lors des fêtes de mariage principalement, mais aussi à l’occasion d’une naissance ou des fêtes rituelles. Le bracelet est le bijou le plus répandu et le plus anciennement porté par les femmes, non seulement au Maroc mais dans la plupart des pays du Maghreb. Les bracelets sont uniquement l’oeuvre d’artisans. Leur décoration est fort variée. Ils ne sont jamais portés seuls, puisqu’à l’occasion des fêtes, leur nombre peut aller jusqu’à sept. Le port des bagues est également ancien. La bague portée à l’index reçoit le nom de « chahid » car ce doigt est pointé vers l’avant lors de la profession de foi. Une autre sorte de bague est portée uniquement par les hommes au retour du pèlerinage, mais elle est en voie de disparition. Pour ce qui est des colliers, la tradition a donné naissance à une variété infinie. Ils peuvent être portés au ras du coup ou bien descendre sur la poitrine par plusieurs rangs.
La fabrication restant le plus souvent traditionnelle, c’est près d’une simple forge dans laquelle les braises sont rougies par un petit soufflet, que les bijoux sont travaillés avec art sur une minuscule enclume. Les plus beaux bijoux marocains utilisent diverses manières. Ceux en filigrane, créés à base de fils d’or torsadés, aplatis et enroulés en de fins motifs ajourés sont surtout employés par les bijoutiers d’Essaouira et de Tiznit. D’autres sont incrustés d’émail noir, fréquente dans les pièces anciennes se trouvent sur le versant Sud de l’Anti-Atlas. L’émail est également utilisée en tant que base de préparation d’un bijou. Les motifs en émail y sont en effet sertis de minces parois de métal. C’est une technique importée d’Andalousie qui s’est conservée dans le Souss. Mais pour les Marocaines, les bijoux ne remplissent pas uniquement une fonction décorative. Loin de là.
Les parures ont souvent comme fonction de protéger la personne qui les porte. Elles sont là contre l’effet du mauvais oeil ou «aïn» provoqué par l’envieux et le jaloux. Les deux motifs que l’on rencontre le plus souvent dans l’ensemble des parures et qui ont une valeur symbolique essentielle sont le poisson et la main. Ce sont de véritables amulettes. L’oeil du poisson, ou «Houta» en cuivre ou en laiton, est représenté sur le bijou à cet effet. La main, connue sous le nom de «Khmissa» au Maghreb est portée sur le corps ou a accrochée sur les murs de la maison.

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