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Mounir El Bari ou la mission qualité

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Il est l’un des rares Marocains à se targuer d’avoir suivi des études directement liées au papier. Lui, c’est Mounir El Bari, administrateur-directeur général de la Société industrielle pour la fabrication du papier (Sifap). Après un diplôme d’ingénieur à Grenoble à l’Institut national polytechnique de Grenoble, il prépare une thèse sur le séchage de papier. C’est là où il «prend contact» avec ce matériau. Même s’il est ingénieur électrochimiste de formation, c’est à l’Ecole française de papeterie de Grenoble (EFPG), le seul institut supérieur à former des ingénieurs papetiers, qu’il soutient sa thèse.
Des études après lesquelles il travaille comme ingénieur de recherche au sein de l’EFPG. Une première expérience qui a duré pendant près de deux ans. De retour au Maroc, il apprend par voie de cabinets de recrutement qu’il existait une papeterie à Meknès, appartenant à Wafa Investissements, groupe WafaBank, et qui cherchait des spécialistes dans le domaine. Un repreneur ? «Pas au niveau financier, mais au niveau gestion», précise-t-il. C’est là où il intègre la boîte en tant que directeur technique. Une année après, il passe directeur d’usine, puis Directeur Général et Administrateurs directeur général, au bout d’une carrière de 8 ans au sein d’une société à laquelle il reste fidèle.
D’une société en pleine crise, Mounir El Bari, par la force d’une restructuration par étapes et d’un travail acharné, a réussi non seulement à sortir la Sifap du goulot d’étranglement qu’elle subissait, mais en faire une entreprise compétitive, avec un ambitieux programme de développement. «La société produisait 6000 tonnes/an, ce qui n’était pas suffisant à couvrir toutes les charges. La société tournait à perte.
Le coût du produit fini était élevé. Le prix de vente devait être inférieur au prix de revient. Une perte d’argent qui perdurait pendant plus de trois ans, de 1994 à 1997», nous explique-t-il. Dès son arrivée, il se concentre d’abord sur l’aspect technique. Objectif : stabiliser la production. Ceci, même s’il y avait à côté une multitude d’autres problèmes sociaux et une véritable anarchie quant à la gestion de l’entreprise. «Mais on produisant un peu plus et en gagnant la confiance de la clientèle, on a pu assurer la pérennité de la Sifap». Ayant renoué avec l’équilibre financier, la société s’attaque par la suite au volet social, à travers des discussions avec les syndicats locaux de Meknès. «Nous avons affaire à des interlocuteurs qui étaient prêts au dialogue et qui voulaient que la ville se restructure au niveau de l’action syndicale», commente M. El Bari.
Il s’est par la suite attaqué au personnel et aux méthodes de travail. Un effort entamé par l’instauration, pour la première fois au Maroc, d’un système de quatre équipes. «Techniquement, la production se déroulait à travers quatre équipes sur la même chaîne. Avec toujours une équipe au repos. Une équipe travaillait la matinée, une autre l’après-midi et la troisième la nuit. Cette dernière avait droit à deux jours de repos juste après, qui lui était payé par la société. On ne pouvait plus se permettre d’arrêter les dimanches et les jours fériés, exceptés les jours des fêtes religieuses et le 1er mai», explique M. El Bari. Le papier étant une industrie lourde, il nécessite un travail au continu.
Un travail qui a fini par apporter ses fruits. D’une capacité de production de 6000 tonnes/an, la Sifap est passée à 14000 tonnes/an, soit une moyenne de 45 tonnes /jour. Le chiffre d’affaires a également suivi. Ne dépassant pas une 20aine de millions de DH au passé, il a été porté en 2002 à 58 millions de DH. En 2003, le chiffre d’affaires de la Sifap a été de 63 millions de DH. Parallèlement à cet effort de restructuration, la société a également vu s’introduire une approche qualité à partir de l’année 2000-2001. Un diagnostic global a été mené.
«Il s’est avéré en fonction de ce diagnostic qu’il fallait commencer par la formation du personnel. 50% de l’effectif global travaillant au sein de l’usine (une centaine d’employés) était illettrés, 10% analphabètes. D’autres, et même avec des baccalauréats ou plus n’avaient pas suivi de formation spécialisée », souligne l’ADG. C’est ainsi que deux plans de formation ont été menés en 2001 et 2002, où toutes les formations de base aux cadres et employés ont été dispensées.
Depuis près d’un an, la Sifap est en processus de certification. Une certification financée à hauteur de 90% par le programme Euro-Maroc-entreprise. «On est actuellement en dernière phase. Toutes les revues de processus et la revue de direction ont été effectués. Dans un mois, un audit à blanc sera entamé et dans deux ou trois mois, on sera certifié», annonce M. El Bari.
Faisant face à la baisse progressive de 5% par année des tarifs douaniers, l’industrie du papier se doit d’être de plus en plus compétitive.
Actuellement le secteur compte quelque 6 grandes entreprises. Le Maroc fabrique entre 30 et 35% de ses besoins, le reste étant importé d’Europe et des pays scadinaves ainsi que certains pays arabes). L’objectif désormais n’est autre que la survie. «Vue la baisse des droits de douane, nos clients demandent également des remises de 5% annuellement.
Le chiffre d’affaires a tendance à baisser. Pour combler cette baisse, il faut augmenter la capacité de production». Une réflexion est déjà menée dans ce sens au sein de la Sifap. Objectif : porter la capacité de production à 20000 tonnes dans deux à trois ans. Le challenge est de rester compétitif avec prévision long terme pour éviter toute surprise à l’horizon 2012, où les droits de douane seront de 0%.

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