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Mustapha Elkhayat : L AMLOG tente de diffuser les règles de base de la logistique

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ALM : À l’AMLOG, quel bilan d’étape faites-vous du contrat-programme logistique 2010-2015 ?
Mustapha Elkhayat : Le contrat-programme est une excellente chose pour développer la logistique au Maroc. Son point fort c’est le partenariat public-privé. Certes, la création et la mise en place de l’Agence marocaine pour le développement de la logistique (AMDL) ont retardé la mise en application du programme. L’AMLOG a dès le début soutenu ce contrat-programme ambitieux qui permettra au Maroc de se hisser au rang des pôles logistiques mondiaux. Maintenant que l’AMDL est créée, ce retard sera rattrapé par le partenariat étroit entre l’AMDL et la CGEM.

Que pensez-vous du travail accompli par l’AMDL ?
L’AMDL constitue l’élément clé de la mise en application du contrat-programme. Cette agence est un signe fort de l’existence d’une politique logistique au Maroc. Elle sera épaulée par un Observatoire de la compétitivité logistique qui sera l’œil de l’AMDL en ce qui concerne toutes les activités logistiques territorialisées au Maroc. L’AMDL aura un rôle de régulateur et de développeur. Il faut qu’elle arrive à maîtriser ces entrepôts et plates-formes logistiques qui se développent partout sans aucune coordination. Ces plates-formes et entrepôts logistiques émergent  par-ci par-là en dehors de toute régulation. Des promoteurs spéculateurs devancent le plan d’actions de l’AMDL. Ceci risque de créer une suroffre dans des espaces non adaptés pour les activités logistiques.

Vous organiserez le 23 mai à Casablanca une journée sur la logistique urbaine. Quelle est la place de ce concept dans les politiques de la ville au Maroc ?
Malheureusement, il n’existe pas de politiques logistiques de la ville au Maroc. C’est la raison pour laquelle l’Association marocaine pour la logistique (AMLOG) organisera une journée sur la logistique urbaine le jeudi 23 mai 2013 à 14h30 au Sheraton Casablanca Hôtel sous le thème : «Logistique urbaine : les enjeux sociaux, économiques et environnementaux».
L’objectif principal de cette journée est de présenter aux participants les enjeux de la logistique urbaine, de lever le voile sur ses impacts socio-économiques et d’exposer les expériences étrangères ayant enregistré des résultats positifs et de donner toutes les compétences nécessaires aux autorités organisatrices de transport urbain pour coordonner les actions liées au transport de marchandises et permettre aux entreprises de transport et prestataires de services logistiques d’assurer également le transport de marchandises et l’optimisation des chaînes logistiques urbaines. La logistique urbaine constitue un enjeu de taille pour conquérir l’espace urbain aux moindres coûts et en tenant compte d’un problème profond, celui de l’environnement et du développement durable. La logistique urbaine c’est la circulation des marchandises au sein des agglomérations. Plus précisément, elle se définit comme l’art d’acheminer dans les meilleures conditions environnementales, sociales et économiques, les flux de marchandises qui entrent, sortent et circulent dans la ville. La logistique urbaine  comme arme stratégique est appelée à aider les acteurs locaux de la vie économique à trouver des solutions adaptées à cette tendance lourde de conséquences en coûts nouveaux et innovations nouvelles. Dans cet environnement, le problème de la logistique urbaine est non seulement l’intégration entre les stades logistiques dans une entreprise (logistique intégrée) mais aussi la coopération logistique entre entreprises d’une même chaîne logistique (logistique coopérée ou SCM) et les  collectivités locales pour rendre possible l’acheminement des marchandises vers la ville et leur évacuation de la ville. Le plan de circulation urbain, l’infrastructure, le comportement social, etc. doivent converger vers un objectif commun : un modèle de logistique urbaine consensuel optimal et durable.

La culture logistique n’est pas encore intégrée dans la majorité des entreprises marocaines. Que faites-vous pour sa promotion ?
De quel  type d’entreprise s’agit-il ? Grandes ou PME ? Celles qui sont ouvertes sur le marché mondial ou celles qui sont centrées sur le marché local ? La culture logistique est sociétale. Pour les entreprises marocaines, elles en sont encore à l’état embryonnaire. Seules les entreprises ouvertes sur le marché mondial sont en train de construire une certaine culture logistique, en particulier la perception de la valeur du temps et de la qualité pour réussir leur intégration dans la logique de flux tendus et du juste-à-temps. Mais la majorité des autres entreprises ignore encore la logistique. L’AMLOG tente avec ses moyens limités de diffuser les règles de base de la logistique en organisant des journées sur des thèmes précis et de faire circuler les bonnes pratiques logistiques qui sont appliquées ailleurs. Maîtriser le temps, réduire les actes inutiles, respecter les relations intra-entreprises, interentreprises et entre tous les acteurs sociaux sont autant de valeurs qui sont nécessaires pour optimiser les chaînes logistiques. D’où la nécessité de créer cette culture logistique qui touche toutes les sphères de la société (de la petite cellule familiale aux sphères de la production, distribution, etc., en un mot toute la société).

La formation et la qualification des ressources humaines sont deux éléments capitaux pour la promotion de la logistique. Quel effort faut-il faire pour assurer au secteur les compétences humaines nécessaires?
Au niveau de la formation le problème est toujours présent malgré l’inflation des formations. Actuellement, la formation en logistique connaît une accélération non maîtrisée : beaucoup de formations de 3ème cycle (publiques et privées), peu de formation moyenne (Bac + 2), formation professionnelle en développement mais loin de répondre aux besoins spécialisés et croissants de tous les niveaux et spécialités (caristes, manutentionnaires, gestionnaires d’entrepôts, pilotes de flux, réceptionnaires logisticiens, transporteurs qualifiés, chaînes de froid et spécialistes en transport et gestion des flux de matières dangereuses, etc.). Même les formations existantes sont peu structurées et non coordonnées. Certes, des efforts louables sont en cours pour réguler les formations et avoir une visibilité sur l’existant, le nécessaire, etc. (AMDL, OFPPT, ministère de l’enseignement supérieur, etc.). A mon sens, il faut un Observatoire de compétences en logistique–transport pour éviter des formations inadaptées, des sureffectifs dans certaines formations, etc. La Banque européenne d’investissement (BEI) souhaite dans son projet Logismeda cette visibilité sur les formations en logistique.

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