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Ramadan, le jeûne et les maladies

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Ainsi, certains malades qui ne devraient pas jeûner, tiennent absolument à le faire ; alors que d’autres qui seraient autorisés à le pratiquer se privent «par ignorance» de leur traitement craignant de rompre le jeûne. Ces patients autorisés à jeûner ne devraient en aucun cas arrêter leur traitement quotidien ; ils devraient par contre être soumis à une surveillance médicale régulière afin de détecter toute complication susceptible de faire interrompre le jeûne. De toute façon, les malades doivent absolument consulter leurs médecins traitants avant le mois sacré du Ramadan car : Le médecin est celui qui connaît le mieux l’état du patient et la gravité de sa maladie. Il faut impérativement respecter le traitement et les mesures hygiéno-diététiques qui seront prescrites par le médecin traitant. Sur les 120.730 malades ayant consulté au service d’accueil des urgences du CHU Ibn Rochd en 2002, 9.490 ont été admis directement en salle d’accueil des urgences vitales (SAUV ou salle de déchocage). Plus de 10 % des patients admis dans la SAUV pendant le mois de Ramadan 2002, l’ont été après arrêt de leur traitement par crainte de rompre le jeûne. Or, à l’issu de la conférence médico-religieuse initiée par la Fondation Hassan II pour la recherche scientifique et médicale sur le Ramadan (FRSMR) est intitulée «Point de vue de l’Islam sur certains sujets médicaux et contemporains», les médecins et les ouléma se sont mis d’accord sur le fait que certains examens, actes médicaux et médications n’altèrent pas le jeûne lors du mois de Ramadan. Est-ce qu’une consultation gynécologique rompt le jeûne? Est-ce que les médicaments utilisés par voie sublinguale sont autorisés pendant le mois de Ramadan? Lors de cette conférence médico-religieuse, et en se basant sur le Coran et le Hadith du Prophète, l’assemblée a discuté les côtés médicaux de ces sujets, et a décidé que les antiseptiques vaginaux, ou comprimés vaginaux, lavage vaginal, colposcopie, examen vaginal, toucher vaginal fait par un médecin ou une sage-femme ne rompent pas le jeûne et que les comprimés de nitroglycérine, ou les autres analogues administrés en sublingual, pour traiter les infarctus du myocarde sont autorisés pendant le mois de Ramadan. Les asthmatiques sous aérosols peuvent-ils jeûner ? Beaucoup de patients asthmatiques, stabilisés sous aérosols arrêtent leur traitement pendant le jeûne ; leurs crises d’asthmes s’exacerbent et les conduisent ainsi aux urgences pour asthme aigu grave (plus de 3,7% des admissions en salle d’accueil des urgences vitales « SAUV» du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Or, au cours de ladite conférence, les principaux médecins et hommes de la Chariâ ont spécifié que les aérosols étaient parmi les voies d’administration ne rompant pas le jeûne quand il sont pris pendant la journée. Cette recommandation a été acceptée bien que les scientifiques avaient bien signalé aux ouléma qu’après utilisation d’un aérosol à visée pulmonaire une proportion de 60 à 80 % du produit arrivait au tube digestif. Le constat des ouléma était que les aérosols utilisés par les asthmatiques ont une visée thérapeutique et non nutritive. Aussi, pensent-ils qu’ils devraient être comparés aux inhalations des odeurs dans les cuisines pendant les journées de Ramadan et de ce fait ils ne rompent pas le jeûne. Chez les tuberculeux, n’y a-t-il pas de modifications dans l’efficacité des antituberculeux en changeant l’horaire de la prise médicamenteuse ? L’efficacité des anti-tuberculeux peut-être modifiée si l’heure de la prise est variée au cours de la journée. Il est par ailleurs vrai que, la prise concomitante de nourriture diminue considérablement la biodisponibilité de l’isoniazide et de la rifampicine, et peut même aboutir à un échec thérapeutique et donc à l’apparition de complications (méningite tuberculeuse, …). C’est pourquoi ces deux antituberculeux doivent être pris à jeun et il est conseillé de les prendre le matin avant toute prise alimentaire. Aussi, pendant le mois de Ramadan, prendre ces médicaments à jeun nécessiterait de différer la rupture du jeûne d’au moins une demi-heure, ce qui semble assez contraignant. La deuxième solution serait de prendre ce traitement 2 heures après un ftour léger et attendre au moins quatre heurs avant de prendre le prochain repas. De plus, l’isoniazide est un médicament qui contre-indique la prise simultanée d’aliments riches en tyrane (fromage et produits laitiers fermentés). Pendant le Ramadan, ces produits étant consommés en grande quantité, il faudrait conseiller aux malades de les éviter. Cependant, de l’avis des spécialistes, il est préférable d’essayer de dissuader les tuberculeux de jeûner pendant la période de leur traitement. Etant donné que cette pathologie infectieuse et contagieuse ne nécessite qu’un traitement de 6 mois et qu’une alimentation équilibrée contribue à une guérison définitive, il faudrait demander aux malades de ne pas jeûner pendant cette période et de reprendre ces jours par le jeûne lors de la guérison. Peut-on autoriser l’injection d’un produit de contraste utilisé dans le lavement baryté ou dans l’urographie intraveineuse ? Le Ramadan est une abstinence de toute sorte d’alimentation. Les produits injectés ne rentrent pas dans cette définition. Aussi, les produits de contraste notamment ceux utilisés pour l’urographie intraveineuse sont autorisés pendant le mois de Ramadan. A suivre.

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