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Transport de voyageurs : un secteur à organiser

Le constat est alarmant : le carnage routier que connaît le Maroc est dû essentiellement au comportement irresponsable de certains chauffeurs d’autocars. Mais ce qui est plus alarmant, c’est la manière avec laquelle les agréments sont octroyés. L’agrément, à la base non cessible, est vendu sur la place publique. Tout se vend et tout s’achète, au grand bonheur des « spéculateurs » qui ne cherchent que le profit. Le schéma, on le connaît : vous avez de l’argent, vous pouvez vous approprier facilement un agrément, sous couvert de location, sachant que la loi interdit sa vente. Pour le reste, ce n’est pas moins facile. Cherchez un véhicule dans la ferraille à côté, fût-ce même accidenté, peu importe, il suffit que celui qui « veille » aux normes d’homologation du constructeur du châssis ferme les yeux. Pour les visites techniques, pas de problème non plus, les documents sont livrés ou reconduits moyennant paiement…
A l’état généralement défaillant des autocars, s’ajoute l’attitude de chauffards recrutés sans respect des critères objectifs. Souvent mal payés, pour leur majorité non déclarés par leurs employeurs, ces chauffards se livrent à une véritable chasse aux voyageurs en bord de routes. Peu importe si l’autocar est surchargé, ce qui compte, c’est l’argent des voyageurs. Ces derniers payent de leur poche, de leur confort, mais aussi et surtout de leurs vies. L’appât du gain prime sur la sécurité des voyageurs, ce qui a valu à notre pays la perte de plusieurs vies humaines. Face à ce tableau sombre, il aura fallu que l’Etat intervienne pour tenter de limiter les dégâts. En effet, le ministère des Transports a procédé à la relecture du texte de 1963 pour réactiver quelques dispositions régissant le transport des voyageurs, notamment la disposition concernant l’échéance de l’agrément. Ainsi, l’agrément de transport n’est plus accordé à vie mais pour une période de 7 ans renouvelable. 
En réactivant le texte de 1963, le département de M. Ghellab voulait reprendre le dossier du transport en main. Conformément à la loi, c’est au département en question de fixer les conditions d’exploitation des agréments. Ces conditions, arrêtées dans un cahier des charges, sont fixées de manière à faire respecter les normes de « bonne conduite » par les transporteurs de voyageurs. Et c’est en fonction de l’observation de ces conditions que le renouvellement des agréments devrait être décidé. Malgré tout, l’anarchie continue de sévir dans le secteur des transports. Les accidents causés par les autocars n’ont pas diminué, au contraire. Bien sûr, l’inconscience, l’irresponsabilité des chauffards et l’état technique des véhicules y sont pour beaucoup. D’après les constats établis sur les lieux des accidents, les mêmes dépassements sont cités : non-respect du code de la route, ou plus grave encore, la conduite en état d’ébriété… Mais dans cet état alarmant, la responsabilité n’incombe pas uniquement aux chauffards présentés comme des boucs émissaires. Leur mauvaise conduite, certes condamnable à plus d’un titre, reflète la « conduite » de leurs employeurs, intéressés plus par le gain que par la sécurité des voyageurs. Bénéficiaires d’un secteur des plus rentables, ils refusent généralement d’investir dans l’entretien de leurs véhicules. Plus encore, une grande partie d’entre eux refusent de déclarer leurs employés pour échapper aux charges sociales et autres impôts. Ce qui a valu au secteur de plonger dangereusement dans l’informel, et pour tout dire dans le chaos.

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