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Bienvenue au club !

© D.R

Des clubs de pétanque, il ne reste plus que le nom. L’alcool est devenu le sport préféré des «adhérents» pour ne pas dire des «clients», du club. Il suffit de faire le tour des cinq clubs de la capitale économique pour s’en rendre compte.
Moins de terrains de pétanque et plus de bars, de comptoirs et de bouffe. Tel est l’état actuel des clubs de pétanque à Casablanca. Le comble, c’est que tout le monde le sait, mais préfère se taire. Résultat : la pétanque marocaine, au passé glorieux avec quatre titres de champion du monde et quatre autres de vice-champion du monde au début des années 90, agonise à petit feu. L’on se demande, aujourd’hui, qu’elle est l’utilité de la FRMP, présidée par Abdelaziz Bennani. Une structure, dont l’existence même est remise en question. Meilleure illustration : lors du tournoi de pétanque du club de l’ASCE, disputé dimanche dernier, le président de la FRMP, en même temps haut cadre dans une compagnie d’assurances, était aux abonnés absents. Venu le remplacer, son secrétaire général a été à la hauteur. Pas en tant que responsable, mais en tant que joueur. «C’est simple, il y avait peu de monde parce qu’il n’y avait pas d’alcool», a fait savoir une source proche du club.
Ces clubs, régis par un dahir et dont le statut est celui d’association, sont exonérés d’impôts. Se considérant plutôt comme des débits de boissons, les clubs de pétanque gagnent un argent fou. Selon une source bien informée, le chiffre d’affaires journalier moyen d’un club, dans la semaine, se situe entre 17.000 et 20.000 DH. «Lors de la dernière soirée de fin d’année organisée par le club de l’USM, ce chiffre a atteint quelque 450.000 DH. Vous imaginez ! », a souligné Chakib Mansour, adhérent de l’USM, mais suspendu, dernièrement, pour avoir osé accuser les dirigeants de mauvaise gestion. Seul contre tous, Mansour ne l’est plus. Récemment, 13 joueurs de l’USM, club créé en 1913, ont signé une pétition pour le même motif. Ils ont eu le même sort. Durant les sept années passées au club, Mansour n’a pas le souvenir de la tenue d’une assemblée générale du club. Pourtant, la loi est claire là-dessus. Toute association doit tenir son assemblée générale tous les quatre ans. Le cas de l’USM est négligeable à côté d’autres clubs. Certains n’ont pas tenu leurs AG depuis 20 ans. Et si lesdits clubs ne respectent pas les statuts et les règlements, c’est parce que leurs dirigeants sont, en général, des gens influents : fonctionnaires ou ex-fonctionnaires, ou encore portent une double casquette : députés, président d’une ligue (de pétanque). Pour d’autres, il fallait tout simplement se réveiller très tôt pour avoir sa part du gâteau. Mine de rien, le président d’un club de la place, qui faisait la plonge, a su gravir les échelons pour devenir le boss. Rachetant la licence d’exploitation à un Français, avant le départ de ce dernier, il a fait des mains et des pieds pour devenir conseiller dans une commune de Casablanca, avant de devenir membre du conseil de la ville. Un nouveau costume qui lui a permis de bénéficier d’un contrat de gestion déléguée pour une durée de 90 ans… «Le problème de ces dirigeants, c’est qu’ils n’ont aucune notion du sport. Il y a deux ans un dirigeant d’un club, pourtant ex-joueur, avait déclaré qu’il ne voulait plus de ce sport», a confié Mansour.
Au sein de ces clubs, on construit de plus en plus de bars au détriment des terrains réservés à la pratique de la pétanque. Constat amer qui en a fait pleurer plus d’un. «Quand il a vu l’état du club, l’ex-président de l’USM, Magio, n’a pas pu retenir ses larmes», se souvient ce dernier. Autrefois réservés aux adhérents et aux joueurs, les clubs affichent, aujourd’hui, «bienvenue au club» à tout le monde. «En principe, nul n’a le doit d’entrer dans un club s’il n’est pas adhérent. C’est le contraire qui se passe aujourd’hui», a tenu à souligner Mansour. À chacun son coin, sa bière, son verre de whisky et ses tapas. Mais tous ont ceci en commun : se préparer à faire la fête. «Le pire dans tout cela, c’est qu’à l’USM, on organise de temps en temps des soirées de chikhates qui durent jusqu’à une heure tardive dans la nuit, violant ainsi la loi qui stipule que tout club doit fermer à 22 h 30», a confié un fidèle du club. Et la population avoisinante dans tout cela ? Sur les sept clubs que comptait la ville de Casablanca, deux ont baissé le rideau, dont un à la suite de réclamations.
«C’est le cas de la BSM », souligne un autre client, qui à force de fréquenter ces endroits, commence à connaître les rouages et la cuisine interne des clubs. Autre constat : les propriétaires des licences d’exploitation de ces clubs. Héritiers des Français, ces derniers, appelés généralement «gérants», touchent, aujourd’hui, une misère. «Par exemple celui de l’USM, il perçoit quelque 1.800 DH par mois », a confié celui-ci. Pis encore, d’autres, à la retraite, se sentant aujourd’hui lésés, ont décidé d’attaquer en justice certains dirigeants.
Selon Mansour, la plupart des clubs comptent une seule section sportive, à savoir la pétanque, l’USM, lui, a eu l’idée de créer quatre autres sections (foot, lutte, natation et hockey). Mais toutes sont des sections fantômes. « C’est pour donner le change et faire croire qu’ils financent certaines activités sportives », a expliqué un habitué des clubs. Autrefois lieux de sport, de rencontres… les clubs sont de moins en moins fréquentés, aujourd’hui, par les étrangers : Français, Italiens et Espagnols. « Ils préfèrent plutôt le CAFC », a glissé celui-ci. Eux qui étaient derrière la création de ces clubs, avant que certains esprits bien intentionnés ne viennent en faire de vraies pompes à fric.

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