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Le tacle par derrière des Américains

© D.R

Quelque 14 millions de dollars en moins d’un an. Alan Rothenberg, chef de mission de Maroc 2010, a touché le 1/13 du jackpot de la deuxième licence GSM. Sans rien rapporter au Maroc. L’ancien président du comité d’organisation du Mondial 1994 aux Etats-Unis a été recruté par l’Association Morocco 2010 pour remplir deux missions. Faire bénéficier le Maroc de son expertise et de son savoir-faire. Autrement dit, faire en sorte que le dossier marocain soit le plus professionnel et le plus convaincant possible. Là il n’y a rien à dire.
La candidature marocaine a été la plus solide aux yeux de tous les observateurs. Mais il a été aussi recruté pour faire du lobbying auprès de la zone de la Concacaf, dont le président est Jack Warner. Il s’agissait de ramener les trois voix de cette mystérieuse zone. D’autant plus que Rothenberg est de même nationalité que le secrétaire général de la Concacaf, Chuck Blezer. Rothenberg, qui connaît très bien le jeu de la FIFA pour avoir été chef de la commission d’inspection de la FIFA pour le Mondial 2006, avait déclaré, à quelques jours de l’annonce du pays hôte, que le Maroc avait 13 voix. Ce qui veut dire que les trois voix de la Concacaf étaient dans la poche.
Samedi matin et à la surprise générale de tous les Marocains, les voix de la Concacaf sont allées à l’Afrique du Sud, y compris celle des Etats-Unis, qui en principe devait voter pour le Maroc, si on prend également en considération la déclaration d’un autre Américain, en l’occurrence l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, qui avait déclaré son soutien personnel au dossier marocain. Que s’est-t-il passé au juste ? Dire que Rothenberg n’a pas bien fait son job, serait se hasarder. C’est à l’Association Morroco 2010 de lui demander des comptes. Mais cela n’empêche que si les Américains voulaient que la Coupe du Monde soit marocaine, ils auraient pu le faire. Et cela tout le monde le sait. Rothenberg et Blezer auraient pu faire pression sur le président de la Concacaf, Mister Warner. C’était le scénario idéal. Mais dans la réalité, les choses se sont passées différemment. Les Américains, businessmen de naissance, ont des intérêts économiques en Afrique du Sud. Au niveau politique, le pays de l’Oncle Sam veut, à travers cette décision, contribuer à la réunification et la réconciliation du peuple sud-africain, dont le leader charismatique Nelson Mandela a su jouer la victimisation. Donnant tort à Rothenberg, qui avait déclaré «Nelson Mandela est une figure héroïque mais qu’a-t-il à voir avec l’organisation d’une Coupe du monde ? Les membres de la FIFA ne sont pas dupes».
Autre chose : en regroupant les voix de la Concacaf, ce que craignait le Maroc, en faveur de l’Afrique du Sud, les Etat-Unis voulaient barrer la route au dossier marocain, soutenu par deux grandes nations de football européen, la France et l’Espagne. En même temps deux grands rivaux du pays de l’Oncle Sam. La France a été, et elle est toujours, contre une guerre en Irak, ce qui a provoqué, dans l’Hexagone, la montée en flèche de l’anti-américanisme, et, aux Etats-Unis, d’un sentiment d’hostilité envers les Français, allant jusqu’à boycotter les produits français.
L’Espagne, elle, était l’un des principaux alliés des Américains, avant que les donnes ne changent avec la montée au pouvoir de José Luis Zapatero et la décision de celui-ci de retirer les troupes espagnoles installées en Irak, décision qui n’a pas été bien accueillie par la Maison-Blanche. Il faut dire qu’une Coupe du Monde au Maroc aurait changé beaucoup de choses. Elle aurait été bénéfique non seulement au Maroc, mais aussi aux pays du Maghreb et de la Méditerranée. Cela aurait été aussi le chassé-croisé des accords de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe. Alan Rothenberg, qui avait déclaré que les Marocains auraient le coeur brisé s’ils ne gagnaient pas, se trompe. Le Maroc a, certes, perdu, mais il est sorti la tête haute. Le projet de société mis en place sera maintenu et la défaite du 15 mai sera transformée en un défi.

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