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Un stratège redoutable

© D.R

Hichem Hamdouchi vient d’accrocher un nouveau trophée à son tableau de chasse. L’échephile marocain a, en effet remporté, une semaine de cela, le Prix Mohammed VI des échecs, qui s’est déroulé dans l’enceinte de la Citerne portugaise, à Al-Jadida. «C’est un honneur que de remporter un tournoi imprégné d’autant de symbolique, notamment que celui-ci en est à sa première édition et qu’il porte le nom du Souverain (…) La besogne a, certes, été difficile, particulièrement avec le recours au blitz contre la championne du monde, Antoaneta Stefanova, mais je dirais que cela a contribué à amplifier la délectation que m’a procurée ce titre», a souligné Hichem à l’issue de sa victoire.
Une consécration de plus pour ce Tangérois qui, en face d’un échiquier auquel est scotché un adversaire, se sentira comme un poisson dans l’eau. C’est son élément à lui. Peut-être que cet exercice lui fait remonter le temps, faisant un retour à l’ère des grandes batailles épiques. Un voyage dans les temps médiévaux où le champ de bataille ressemblait à un échiquier, toutes proportions gardées, où s’affairaient archers, cavaliers et maîtres de catapultes, et sur lequel il dirigerait les opérations. Hichem Hamdouchi est, en matière de jeu d’échecs, Grand Maître International de son état, plus haute distinction à laquelle peut aspirer un joueur d’échecs. Mais pour en arriver là, il aura fallu faire du chemin. Beaucoup de chemin.
Un jour de l’année 1984, alors qu’il était âgé de douze ans, Hichem accompagna un camarade de classe d’origine syrienne à son domicile. Le regard du petit Marocain caressa un damier sur lequel d’étranges pions étaient installés. Curieux de nature, il ne tarda pas à poser une foule de questions à son hôte syrien.
Ce dernier ne se montra pas radin et apprit à son copain les déplacements des pièces et les règles de base du jeu d’échecs. Résultat, un coup de foudre dans l’immédiat et une passion torride qui se profilait à l’horizon. Du coup, l’apprenti harcela son jeune instructeur matin et soir. « Et si on faisait une partie… ? » Cette phrase doit encore résonner dans l’esprit du jeune Syrien, qui a dû la «subir» en continu les jours qui suivirent, au point qu’il en avait sa claque. Il n’aura pas fallu plus de trois semaines, après la découverte de l’échiquier, pour que l’élève dépasse le maître. Hichem mit en échec son initiateur. Une première victoire, ô combien symbolique, et dont notre champion se souviendra à vie.
Hamdouchi intégra Al-Boughaz, une sorte de café en guise de club. En 1985, il prend part à son premier tournoi, l’Open de Tanger, et ramène sa première coupe à la maison : celle du plus jeune participant. Jeune, certes, mais il n’allait pas tarder à en faire voir de toutes les couleurs aux échephiles endurcis qui osaient s’aventurer sur son damier.
Une année plus tard, il remporte le même tournoi et se lance dans d’autres compétitions locales et régionales. Poursuivant sur sa lancée, il participera en 1987 à son premier tournoi international, en Autriche. L’année 1988 s’annoncera révélatrice du stratège qui sommeillait en lui. «C’est l’année du déclic », souligne-t-il. Et pour cause. Cette année-là, il raflera le titre de champion du Maroc et celui de champion des pays arabes, au Koweït. Hichem fera par la suite son entrée au classement international le 1er janvier 1989 et décrochera le titre de Maître International. Lors des olympiades de 1990, il fera même sensation en faisant match-nul avec l’indomptable Victor Kortchnoï, aujourd’hui âgé de 73 ans. «Jusque-là, je ne voyais son nom que dans des livres. Jouer contre lui était un rêve sublime…», se remémore Hichem, qui s’adjugera par lâ-même la médaille de bronze de Premier échiquier.
Le jeune Marocain s’installe en France en 1992, décroche sa troisième norme de Grand Maître en 1994 et accède au statut de Grand Maître International, à l’âge de 22 ans. Une fois bouclées ses études en 1997 – Licence en administration économique et sociale – il se consacre exclusivement à sa passion. Aujourd’hui, Hichem Hamdouchi amoncèle les titres.
Plusieurs fois champion du Maroc, quatre fois champion arabe, champion d’Afrique, cinq participations aux Championnats du Monde, auxquels il a atteint le 16e de final, un stade jamais atteint par un Arabe ou un Africain. Qui dit mieux?

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