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Abdallah, un héros contre le désert

A lui seul, Abdallah a décidé de se battre contre les dunes et de faire reculer le désert. Pour seules armes : sa ténacité et son bon sens. Pour idéal : l’attachement a sa terre et la foi dans un travail acharné. Petit homme râblé à la peau tannée, Abdallah Ould Ahmed Sidi, 58 ans, parle avec vivacité et énergie et trottine sur le sable brûlant qui entoure sa maison à Gimbit Var Sder, dans l’extrême Est mauritanien. « Les gens ne croyaient pas à ce que je voulais faire, alors j’ai commencé seul, avec mes enfants et on a travaillé pendant douze ans avec nos mains, à rassembler les épineux pour clôturer, à cueillir les fruits sauvages », raconte-t-il.
L’aventure d’Abdallah a commencé après les grandes sécheresses du début des années 70, qui ont entraîné un important mouvement de sédentarisation des populations nomades, un exode rural sans précédent et une aggravation de la désertification. « On perdait tout », se rappelle Abdallah, assis dans la fraîcheur de sa confortable habitation traditionnelle. « Aux informations, j’entendais que des gens se battaient pour un lopin de terre ou pour une colline. Je me suis dit que j’avais la chance de posséder un bout de terre et que j’allais me battre, même contre le sable et le vent, pour le garder. C’est pour ça que je n’ai pas voulu émigrer », explique-t-il.
Sa première tâche consiste alors à clôturer un vaste espace d’arbres sauvages produisant des baies, pour éviter que les fruits ne soient mangés par le bétail vivant en quasi-liberté. Malgré les difficultés et le climat qui n’a rien de clément, il s’acharne, alors que simple éleveur agriculteur, il n’a aucune formation particulière, seulement du bon sens : « Les situations dramatiques m’ont contraint à faire le nécessaire », dit-il. La chance lui sourit et une bonne récolte de jujubier qu’il vend à Nouakchott lui rapporte de quoi acheter 50 moutons, trois chamelles et suffisamment d’argent pour financer un tiers du projet qu’il a en tête : clôturer 300 hectares de terres cultivables et entamer un programme de reboisement pour ralentir l’avancée des sables.
Notable très écouté de son clan, Abdallah Ould Ahmed Sidi agrandit progressivement le domaine agricole grâce au soutien de quelques ONG. Aujourd’hui, 200 familles profitent directement du succès de son projet, les soudures sont moins difficiles et les dunes ont arrêté leur progression. Il procède également à des formations sur la fixation de dunes, la transformation de certaines plantes sauvages nutritives, « surtout pour les femmes qui sont plus disciplinées ». Enfin, il développe des produits qu’il vend avec une forte plus-value, lui permettant d’agrandir notablement son cheptel. Pourtant, le combat contre le désert n’est pas définitivement gagné et Abdallah souhaite s’atteler à la construction d’une digue, pour remettre dans son lit un oued, alimentant puits et cultures, que les dunes ont détourné. Il ne lui manque que les financements. Son enthousiasme lui a valu un article dans un journal proche du gouvernement, qui encourage le retour des populations dans leurs « terroirs » et la remise en valeur des terres frappées par la désertification. « Beaucoup de gens sont jaloux de cette réussite. Certains viennent nous voir pour participer. Alors, je leur explique tous les sacrifices que ce travail demande », confie le paysan.

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