24 heures

Absence remarquée de Moubarak

L’absence du président égyptien Hosni Moubarak au sommet de Beyrouth est une illustration de la bataille pour le leadership arabe qui oppose l’Egypte à l’Arabie Saoudite, depuis que Ryad a lancé une initiative de paix au Proche-Orient, estiment mercredi les analystes.
M. Moubarak s’est fait représenter par son premier ministre Atef Ebeid au sommet de la Ligue Arabe ouvert mercredi, que tous les commentateurs avaient pourtant qualifié de rendez-vous obligé face à l’extrême tension qui prévaut dans la région.
Cette annonce a provoqué la surprise, même si des rumeurs en ce sens avaient circulé la semaine dernière. La politique étrangère constitue en effet la priorité de M. Moubarak, toujours soucieux de mettre son pays au premier plan et d’en tirer des avantages économiques.
M. Moubarak a expliqué que « la principale raison » de son absence et sa volonté de manifester son soutien au président palestinien Yasser Arafat, lui aussi absent du sommet du fait du « chantage » et des « pressions » israéliennes.
M. Arafat est bloqué en Cisjordanie par l’armée israélienne, le premier ministre Ariel Sharon estimant qu’il ne fait pas assez d’efforts pour mettre fin aux attentats. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher, a expliqué mardi l’absence de son président par « des raisons internes » nécessitant sa présence en Egypte. Pour l’analyste égyptien Salama Ahmed Salama, cette absence pourrait s’expliquer par des « divergences sur l’initative de paix saoudienne », thème central du sommet de Beyrouth.
Dans sa déclaration, M. Moubarak a certes affirmé son « soutien » à cette offre de paix, mais depuis son annonce, le 17 février dans un entretien à un quotidien américain, il a plusieurs fois émis des réserves à son sujet et laissé percer son irritation.
L’initiative, nouvelle version de la formule « la terre contre la paix », propose que les pays arabes établissent des « relations normales » avec Israël contre le retrait par ce pays de tous les territoires arabes occupés en 1967. « Les israéliens sont-ils prêts à se retirer des territoires occupés ? », s’était interrogé M. Moubarak le 28 février, ajoutant : « cela ne marchera pas ».
Dans une interview à la télévision libanaise IBC avant le sommet, M. Moubarak notait : « ce n’est pas une initiative, mais une interview ». « Normalement, quand il y a initiative, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Syrie se concertent et nous en prenons tous connaissance.
Dans ce cas là, c’était une interview », a-t-il dit. M. Moubarak prend le risque de torpiller l’effort saoudien par son absence à un sommet réuni pour l’approuver au plus haut niveau, une attitude révélatrice de la concurrence entre Le Caire et Ryad pour le leadership arabe, relèvent les analystes.
« M. Moubarak est mécontent d’avoir appris l’existence de cette initiative par la presse », indiquait mardi un responsable libanais.
« L’Egypte, où siège la Ligue Arabe, se voit comme la grande puissance du monde arabe et n’apprécie pas que l’Arabie Saoudite, protecteur des lieux saints et principal bailleur de fonds du monde arabe, lui dispute la primauté politique », soulignait ce responsable.
L’Egypte s’appuie traditionnellement sur la puissance de sa diplomatie, dont elle tire d’année en année des bénéfices tant politiques qu’économiques.
La paix signée avec Israël en 1979, le soutien du Caire aux Etats-Unis pendant la guerre du Golfe en 1991, son rôle de médiateur entre Israéliens, Palestiniens et Américains constituent autant d’étapes d’une politique qui garantit d’importantes aides financières internationales.
Les Etats-Unis versent environ deux milliards de dollars par an à l’Egypte, la deuxième aide américaine après celle à Israël.
Pas question dans ce contexte de laisser l’initiative à l’Arabie Saoudite, qui pèse déjà d’un poids énorme par ses aides financières aux Palestiniens, aux régimes arabes, aux grands projets régionaux, et même aux familles des victimes de l’incendie d’un train qui a fait 361 morts, en février près du Caire.

• Michel Sailhan (AFP)

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