C’est dans le siège national de l’UGTM (Union générale des travailleurs marocains), investi par les détracteurs d’Afilal depuis samedi dernier, que les membres du Bureau exécutif de cette centrale syndicale ont tenu à rencontrer les journalistes pour revenir sur les derniers événements d’un feuilleton qui ne fait que durer depuis plusieurs mois. Et pour annoncer ce qui pourrait être la fin du "règne" d’Abderrazak Afilal.
Principale décision prise par les membres du Bureau exécutif, réuni autour de Hamid Chabat, Mohamed Benjelloun Andaloussi, Mohamed Larbi Kabbaj et Mohamed Titna Alaoui: la tenue, dimanche prochain au siège de l’UGTM au port de Casablanca, d’un congrès extraordinaire pour la préparation d’un congrès national prévu dans un délai d’un an. Selon Mohamed Titna Alaoui, la liste des congressistes est déjà arrêtée et tout le monde y est représenté, soit à raison de trois congressistes pour chaque union régionale et chaque fédération. Pour Mohamed Larbi Kabbaj, le congrès national devait se tenir il y a deux ans, mais cela n’a pu avoir lieu à cause de Abderrazak Afilal accusé de n’avoir respecté aucune des décisions de cette instance que ce soit pour les responsabilités régionales, sectorielles ou nationales. "Si cette échéance avait été respectée, nous n’en serions pas là aujourd’hui", renchérit Mohamed Benjelloun Andaloussi qui affirme que le prochain congrès pourrait même connaître la participation d’Afilal si ce dernier a l’audace de venir s’y expliquer sur l’état auquel il a fini par réduire l’UGTM. C’est ce point d’ailleurs que Hamid Chabat essaie d’expliciter en avançant des chiffres sans appel: 3 membres au lieu de 13 au Conseil supérieur de la fonction publique, une neuvième place à la deuxième Chambre du Parlement, aucun siège au Conseil d’administration de la CMR (Caisse marocaine des retraites) et aucun candidat au Conseil supérieur des retraités…
Pour les membres du bureau exécutif de l’UGTM, Abderrazak Afilal devra rendre des comptes devant la justice dans une série de procès qui lui sont intentés (par Benjelloun Andaloussi, patron de la Fédération de l’enseignement, entre autres) avant le congrès national où il devra s’exprimer sur les comptes de la centrale syndicale.
Abbas El Fassi et l’Istiqlal, indique Hamid Chabat, étaient intervenus, à titre amical, pour désamorcer la crise, mais avaient fini par laisser tomber estimant, ajoute-t-il, qu’il fallait préserver l’indépendance de la centrale syndicale. C’est ce qui avait poussé les membres du bureau exécutif à "agir de la sorte", affirment-ils, en référence à l’assaut donné samedi 21 janvier 2006 contre le siège du boulevard Mohammed VI. Investi depuis par les bases de l’UGTM proches des détracteurs d’Afilal, le siège du port de Casablanca a fini par "tomber" de la même manière. Pour déloger les amis d’Afilal, ses détracteurs viennent de mettre la main sur le centre de formation, principal local de l’UGTM à Rabat. Pour ces derniers, la question de la légitimité est tranchée et le sera plus après le congrès extraordinaire de dimanche prochain. Une manière pour Chabat et ses amis de dire que le gouvernement doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’"authentique" hiérarchie de l’UGTM.
Abderrazak Afilal a fini par revenir sur sa démission de l’UGTM tout en maintenant son retrait du Parti de l’Istiqlal. Le feuilleton de cette centrale syndicale s’approche de la fin avec une "direction collégiale" qui ambitionne de redonner à l’UGTM la place qui doit lui revenir et notamment lors du renouvellement du tiers des membres de la deuxième Chambre du Parlement dans quelques mois. Chabat et ses amis ont reçu le soutien de la FDT et de la CDT dont les représentants assistaient à la conférence de presse d’hier du Bureau exécutif. Les membres de ce dernier affirment que l’UGTM a été condamnée à évacuer les locaux du boulevard Mohammed VI pour cause d’impayés de loyer atteignant 400.000 dirhams.