La période estivale avait pourtant débuté sur les chapeaux de roues pour la maison-mère d’Airbus, qui a publié fin juillet un bénéfice net semestriel plus que doublé à 816 millions d’euros, profitant de la reprise dans le transport aérien. Mais les deux accidents d’avion intervenus la semaine dernière ont jeté une ombre au tableau. Samedi, un charter tunisien ATR-42, fabriqué par le constructeur d’avions turbopropulseurs ATR (EADS/Alenia) s’est abîmé en mer au large de la Sicile, faisant 13 morts, 3 disparus et 23 survivants. La qualité du carburant fourni à l’appareil en Italie est unanimement mise en cause lundi par la presse italienne. Quatre jours auparavant, un A340 d’Air France était sorti de piste après son atterrissage à Toronto (Canada), sans faire de mort. C’est le premier accident grave du quadrimoteur d’Airbus depuis son lancement il y a 14 ans. Toutefois, selon les premiers éléments de l’enquête, l’appareil ne serait pas incriminé. Airbus et ATR, dont EADS est respectivement actionnaire à hauteur de 80 et 50%, semblent être mis hors de cause. Ces accidents viennent cependant écorner leur image, alors que la saison touristique bat son plein.
Mais c’est un autre dossier, le retard de livraison annoncé du futur très gros porteur A380, qui risque de porter le plus préjudice à EADS dans les prochains mois. Le patron de la compagnie aérienne Singapore Airlines (SIA), Choon Seng Chew, est furieux de ce délai, qui affectera l’ensemble des premiers clients de l’avion géant, confie-t-il dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Focus paru lundi. "Airbus a mis pas mal de temps à reconnaître le retard dans le calendrier de mise en service de l’A380. J’aurais espéré plus de sincérité", déclare M. Chew. SIA, compagnie de lancement de l’A380, recevra les premiers appareils seulement en novembre 2006 au lieu de mars 2006, soit huit mois de retard. Le transporteur, qui a commandé 10 exemplaires de l’A380 et pris une option sur 15 autres, menace désormais de réclamer des dédommagements.
Ces déclarations affectaient EADS lundi à la Bourse de Paris. Vers 11h00 GMT, le titre s’effritait de 0,25% à 27,67 €, dans un marché en hausse de 0,80%. Selon un courtier parisien, les opérateurs attendent maintenant de connaître "l’impact de l’A380 dans les comptes" d’EADS. Pendant ce temps, l’américain Boeing annonçait lundi avoir finalisé 42 premières commandes fermes pour son 787 "Dreamliner" en Chine, pour un peu plus de cinq milliards de dollars, auprès de quatre compagnies. Airbus, de son côté, n’a pas encore vendu à l’Empire du Milieu son futur long-courrier A350, destiné à concurrencer le 787 de Boeing.
L’avionneur de Chicago a frappé un grand coup lundi dans le match qui l’oppose à Airbus en Chine où il a vendu ses 42 premiers "Dreamliner" pour un peu plus de cinq milliards de dollars. L’annonce de ces signatures était certes attendue, l’accord global ayant été finalisé en janvier et en partie confirmé le mois dernier, mais le résultat n’en a pas pour autant moins de valeur. Les compagnies acheteuses de ces 787 sont Air China (15 appareils), China Eastern (15), Shanghai Airlines (9) et Xiamen Airlines (3). Le montant total s’élève à 5,04 milliards de dollars, a précisé le géant américain qui possède environ 60% du marché chinois. Le 29 juillet, Boeing avait indiqué qu’il était en train de finaliser un accord pour vendre à cinq compagnies chinoises 50 Boeing 787, sur une commande initiale de 60 appareils (7,2 milliards de dollars) annoncée en janvier.