Pour l’heure, seules 226 entreprises sur les 1200 proposées à la privatisation, réparties sur 420 manifestations d’intérêt, suscitent la sollicitude de différents opérateurs. Une demande qui représente moins de 25% de la totalité de l’offre. Toujours est-il que le terme « manifestation d’intérêt » ne peut être assimilé à aucune valeur juridique et n’engage aucunement son auteur.
« Les 226 entreprises sont, selon des sources informées, de plusieurs secteurs, sans spécificité aucune. Elles ne sont (les entreprises), par ailleurs, pas toutes en bonne santé financière, autrement dit, il existe parmi ces entités attractives des entreprises déstructurées », rapporte l’Expression. Il semblerait ainsi que ces entreprises sont alléchantes au vu de leur marché ou de leur foncier. Mais au-delà de l’opération en soi, ses éventuels dégâts collatéraux suscitent beaucoup plus d’inquiétude. En effet, des centaines de milliers de travailleurs algériens ne savent plus de quoi demain sera fait. L’annonce faite récemment par le chef de gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia, selon laquelle 1200 entreprises sont destinées à la privatisation, a fini par semer le désarroi dans les rangs d’une masse, pour le moins, imposante.
Faite de façon officielle, cette annonce avait dissipé le doute qui enveloppait ce qui n’était qu’une simple rumeur. « 1 200 entreprises publiques économiques existantes seront proposées à la privatisation hormis les entreprises stratégiques », avait-il affirmé.
« Le Quotidien d’Oran » s’interroge cependant sur les « privatisations » en Algérie, soulignant que leurs prémices remontent à une dizaine d’années, sans pour autant pouvoir parler de « success-story », ainsi que sur le caractère que revêt le terme « stratégique » dans le discours du Premier ministre.
« Comment en effet pourrait-on savoir quelles sont les entreprises stratégiques quand on n’a pas défini au préalable la stratégie économique d’ensemble que compte mettre en oeuvre le gouvernement et quand on n’a aucune idée de ce que sera la politique industrielle que choisira l’Etat pour renouer avec la croissance ! », estime le quotidien oranais.
Quoi qu’il en soit, cette annonce n’a fait que confirmer des racontars faisant état de l’éventuel morcellement « des empires Sonatrach et Sonelgaz comme le présage, en des termes à peines voilés, l’avant-projet de la loi sur les hydrocarbures, de l’ultralibéral ministre de l’Energie et des mines, Chakib Khelil », avait commenté la presse locale.
Du coup, aussitôt l’annonce faite, les craintes des travailleurs se sont confirmées et ont trouvé un terrain à même de se développer. Face à l’inquiétude galopante, le Premier ministre se voulait rassurant, affirmant que le devenir de ces centaines de milliers de travailleurs figurait parmi ses principales préoccupations. «En règle générale, toute offre d’investissement qui soit bénéfique pour l’économie nationale et pour le Trésor public et qui préserve les postes d’emplois et en crée d’autres est la bienvenue», avait-il précisé.
Pour sa part, « Liberté-Algérie » estime que le pays a beaucoup plus besoin d’investissements provenant de chaînes internationales et de capitaux de grands hommes d’affaires qu’autre chose. Le quotidien légitime les craintes des travailleurs, tout en avalisant la privatisation de certains secteurs.
« L’annonce de la privatisation de 1 200 entreprises, incluant la vente d’établissements hôteliers, suscite d’ores et déjà un vent de contestation chez les syndicats d’entreprise. Si les revendications des salariés sont légitimes, il n’en demeure pas moins que sur le plan doctrinal, les trains de privatisation dans le monde commencent par le secteur touristique », estime l’éditorialiste.