L’organisation internationale des droits de l’Homme "Amnesty International" a critiqué le contenu du "projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale". Cette association a jugé que cette charte contient des "dispositions contradictoires avec les engagements de l’Algérie en vertu du droit international".
Ces contradictions concernent en particulier des poursuites contre les auteurs des violations graves des droits de l’Homme et de la révélation de la vérité sur les cas de disparitions. Dans un communiqué publié sur son site Internet et cité par la presse algérienne, Amnesty constate que la charte, appelée à clore le chapitre de "la décennie noire" en Algérie, "contient des dispositions visant l’exonération des forces de sécurité et des groupes armés de la responsabilité des violations graves des droits de l’Homme". Ces dispositions "peuvent être un déni final de la vérité et de la justice aux centaines de milliers de victimes et de leurs familles", ajoute l’organisation internationale.
La charte, déplore AI, "ne réclame pas non plus d’enquête sur les cas de disparitions", sachant qu’en vertu du droit international, "les disparitions sont considérées comme violation continue, aussi longtemps que le sort et l’endroit où se trouve la personne disparue n’ont pas été établis". "Pas une des centaines de plaintes déposées dans les tribunaux algériens n’a révélé le sort d’une personne « disparue » ou ont amené aux poursuites contre un agent des forces de sécurité", ajoute l’organisation humanitaire.
Le président algérien avait affirmé samedi dans un discours à Skikda que "la réconciliation nationale sera confortée par des mesures mûrement pesées et bien étudiées de commutation ou d’allègement des peines, de grâce ou, le cas échéant, d’extinction des poursuites pénales et qui ne concernent évidemment pas des actes criminels tels que les assassinats, les viols et les attentats dans les lieux publics".
La presse algérienne a rapporté les réactions mitigées d’anciens dirigeants du Front islamique du salut (FIS- dissout), au sujet du contenu de la charte de réconciliation, notamment celle de Kamal Guemazi qui a reproché à la charte d’imputer les causes de "la tragédie algérienne" à la seule mouvance islamiste, sachant, selon lui , que "le parti dissout n’est que la victime de la crise et du coup d’Etat" qui a interrompu le processus électoral en janvier 1992. Pour sa part, Abdelkader Boukhamkham, ancien membre de la direction du FIS- dissout, a réitéré ses objections au projet de "charte sur la réconciliation nationale", en se déclarant réservé quant à la procédure de recourir même au référendum Interrogé par le journal algérien "Al Ahdath", Boukhamkham s’est démarqué des réactions de certains dirigeants de l’ex-FIS en exil, notamment Anouar Haddam et Rabah Kébir qui semblaient bien disposés à l’égard du renoncement aux poursuites dont ils pourraient bénéficier, aux termes de la charte.
Il a notamment fait grief au projet de réconciliation d’interdire toute activité politique aux protagonistes de la crise appartenant à la mouvance islamiste, ajoute le journal, selon qui, les réactions différenciées des dirigeants de l’ex-FIS témoignent des appréciations divergences que se font les ailes intérieure et extérieure de ce mouvement concernant l’attitude à adopter face au référendum, prévu le 29 septembre prochain.