L’ouverture du sommet qui réunit 8 des 21 dirigeants des pays membres de la Ligue arabe, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et 9 des 12 présidents de la Communauté sud-américaine, a été utilisée comme tribune par les dirigeants arabes pour critiquer Israël et réclamer la "souveraineté" de l’Irak, dont le président, Jalal Talabani, était présent. Mais des leaders sud-américains ont souligné qu’ils étaient venus pour parler de coopération économique. "Ce sommet est un pont qui posera les jalons d’une forte coopération entre l’Amérique du Sud et monde arabe", a déclaré le président brésilien le Luiz Inacio Lula da Silva, en donnant le coup d’envoi de la rencontre. Il a rappelé que son pays était à l’origine d’un événement visant au "rapprochement de deux régions distantes (…) avec une saveur de retrouvailles". Tout comme le secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Moussa, il a souligné la présence d’une importante communauté de descendants d’immigrés arabes -surtout Syriens ou Libanais – en Amérique latine, dont 12 millions au Brésil. "Nous établissons une nouvelle relation internationale qui devrait conduire à de nouveaux échanges commerciaux et nous recherchons également la paix et la sécurité internationale", a déclaré M. Moussa. Dans ce contexte, il a jugé légitime que le sommet se penche sur la question palestinienne, inclue dans la Déclaration finale qui sera signée mercredi. "C’est un devoir éthique, un engagement légitime", a estimé M. Moussa. Le secrétaire général de la Ligue arabe et l’actuel président de l’organisation, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, ont appelé Israël à respecter ses engagements internationaux notamment le retrait des territoires palestiniens. Toutefois, le président péruvien Alejandro Toledo, dont le pays préside actuellement la Communauté sud-américaine, a exprimé l’opinion d’autres sud-américains en estimant qu’il n’était "pas pertinent d’injecter une dimension politique à une rencontre qui a un autre caractère, commercial et économique". Le président Lula a souligné dans son discours que l’un des objectifs du sommet était d’"identifier des opportunités pour le commerce". Ces deux dernières années, les échanges ont fortement progressé entre les deux régions pour atteindre 10 milliards de dollars, mais c’est le Brésil qui se taille la part du lion avec 8 milliards. Le président brésilien a souligné qu’Arabes et Sud-Américains ont aussi en commun de vouloir "défendre la démocratisation des organismes internationaux". Le Brésil ne fait pas mystère d’aspirer dans le cadre de la réforme des Nations unies à un siège permanent au Conseil de sécurité, tout comme l’Egypte.
"Nous sommes engagés à soutenir l’ONU dans son multilatéralisme et dans le respect des droits de l’Homme", a souligné M. Moussa, affirmant aussi qu’il fallait "travailler pour combattre le terrorisme, un crime qui affecte la stabilité des sociétés". Selon des sources diplomatiques brésiliennes, les ministres des Affaires étrangères ont décidé lundi un mécanisme de suivi du sommet avec une meilleure coordination entre ambassadeurs auprès de l’ONU, une réunion des ministres des Affaires étrangères en 2007 à Buenos Aires et un autre sommet, peut-être à Marrakech (Maroc) en 2008. L’Arabie saoudite a invité tous les participants au sommet de Brasilia à une réunion internationale des pays producteurs et consommateurs de pétrole à Ryad à la fin de l’année. Et mardi, l’union douanière Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) a signé un accord cadre avec le Conseil de coopération du Golfe en vue d’un traité de libre-échange.
• Claire de Oliveira
et Françoise Kadri (AFP)