"Chacun de ces Américains a ajouté sa propre contribution à l’histoire de la liberté", a-t-il déclaré dimanche au cimetière militaire de Margraten (sud-est des Pays-Bas) où reposent quelque 8.000 soldats de son pays tués lors de l’assaut final contre l’Allemagne nazie. Pour le président américain, qui a placé son second mandat entamé en janvier sous le signe de la lutte contre la tyrannie et la défense de la liberté dans le monde, ces commémorations tombent à point nommé. "Les tyrans du monde entier ont appris une leçon : il n’y a pas de plus grande force que la liberté et pas de soldat plus fort que celui qui combat pour cette liberté", a-t-il affirmé dimanche, évoquant la victoire de 1945. Le président Bush a également clairement choisi ses étapes européennes, les pays baltes puis les Pays-Bas, en fonction des pays qui l’ont soutenu dans la guerre contre l’Irak.
La Haye a apporté un "soutien moral" à l’opération, et a envoyé en Irak 1.400 soldats après la chute de Saddam Hussein, qui sont rentrés en mars. Mais il a également accepté de se rendre à Moscou pour participer lundi aux cérémonies marquant la fin du second conflit mondial, célébrée le 9 mai par les Russes et le 8 mai dans le reste de l’Europe. Son arrivée dans la capitale russe a toutefois été précédée d’une série de déclarations condamnant l’héritage soviétique et appelant la Russie à s’en défaire. "La captivité de millions de gens en Europe centrale et de l’Est sera toujours évoquée comme l’un des plus grands torts de l’Histoire", a-t-il dit à Riga, évoquant l’occupation par les troupes soviétiques de l’Europe centrale et orientale de 1945 à 1991. Il n’a pas hésité à s’interroger sur les accords conclus par son illustre prédécesseur, Franklin Roosevelt, le leader soviétique Joseph Staline et le dirigeant britannique, Winston Churchill, à Yalta en février 1945.
Evoquant les révolutions démocratiques en Europe de l’Est qui ont précipité la chute de l’URSS, M. Bush a souligné à Riga que "lorsque vous vous êtes rassemblés pour protester et que l’empire s’est écroulé, l’héritage de Yalta a finalement disparu, une bonne fois pour toutes". Son sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires européennes, Dan Fried, s’est-lui-directement attaqué au "révisionnisme" historique des Russes, les accusant d’occulter le rôle joué par l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale. Faisant référence aux "descriptions concurrentes" de l’histoire de ce conflit, il a présenté, lors de déclarations à la presse dans l’avion qui transportait M. Bush en Europe, la version américaine comme "vraie". Les Russes "n’aiment pas qu’on leur rappelle ce qu’ils faisaient entre 1939 et 1941 quand ils forgeaient une alliance avec Hitler pour diviser l’Europe, en prenant la Pologne et les pays baltes" et en "imposant le communisme sur leur passage".
Les Etats-Unis étaient eux-mêmes entrés dans le conflit contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Japon, Italie) en décembre 1941, après l’attaque japonaise contre leur base navale de Pearl Harbor dans le Pacifique. "Nous avons aussi des choses à nous reprocher mais nous l’admettons", a jugé Dan Fried.
Le rôle de l’URSS après 1945 n’est pas le seul sujet de tension entre Washington et Moscou, avant l’arrivée de George W. Bush dans la capitale russe, dimanche soir, pour des entretiens avec le président russe, Vladimir Poutine. Ses déplacements samedi à Riga pour manifester son amitié pour les Baltes puis en Géorgie mardi pour soutenir le président réformateur pro-occidental, Mikhaïl Saakachvilii, montrent qu’il n’hésite pas à chasser dans la zone considérée, encore il y a une quinzaine d’années comme réservée aux Russes.
• Jean-Louis Doublet (AFP)