Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué, dans une déclaration au quotidien algérois Al-Khabar, que son pays rejette toute proposition de médiation arabe dans le conflit maroco-algérien. Le chef de la diplomatie du voisin de l’Est estime que les deux pays n’ont pas besoin de médiateur puisqu’ils entretiennent, selon lui, des relations diplomatiques normales.
M. Medelci a raison et tort à la fois. Il a raison car, dans le domaine des relations internationales, l’usage veut que tant que deux pays maintiennent ouverts les canaux diplomatiques, la médiation d’un tiers ne se justifie guère. Dans le cas du conflit sur l’îlot Leila, le Maroc et l’Espagne avaient rappelé leurs ambassadeurs pour consultation. Les ambassades étaient certes ouvertes, mais les canaux de communication étaient coupés et leur fonctionnement était en stand-by. Il fallait qu’un médiateur aussi sérieux que crédible comme les Etats-Unis intervienne pour que des négociations aient lieu et qu’elles aboutissent à une solution satisfaisante pour les deux parties. Pour ce qui est de la situation entre le Maroc et l’Algérie, tout le monde sait que les deux ambassades sont ouvertes et que les ambassadeurs des deux pays sont à leurs postes respectifs.
Mais, M. Medelci a tort car il veut faire croire à tout le monde que les canaux diplomatiques entre les deux pays fonctionnent normalement et qu’il est possible de parvenir, à travers eux, à trouver des solutions à tous les conflits. L’ambassade algérienne à Rabat est certes ouverte, mais, ceux qui connaissent bien le dossier savent que cette ambassade est interdite de toute intervention, et de tout commentaire sur le volet politique. Les officiels marocains qui ont eu à discuter avec l’ancien ambassadeur à Rabat, Larbi Belkheir, ont pu constater que même quelqu’un de son rang au sein de la hiérarchie du pouvoir algérien s’interdisait d’avancer dans une discussion sur le sujet et esquivait tout débat sur cette affaire. D’ailleurs, le passage au Maroc qui devait être une période d’exaltation diplomatique du général a été tout à fait le contraire. Il a fini par être usé par un poste frustrant ce qui s’est répercuté sur son état de santé. Car, il a pu constater de visu que le Maroc se modernise à pas de géant alors que l’Algérie a du mal à avancer, que des chantiers énormes de développement conjoints sont possibles alors qu’à Alger on refuse même d’en parler.
Les canaux diplomatiques existent, certes, mais, du côté algérien, ils ne disposent pas de la marge de manœuvre nécessaire pour faire avancer les choses. La décision, elle, reste entre les mains de gens qui n’ont pas intérêt à ce que les relations avec le Maroc s’améliorent. Et M. Medelci, lui même, ne dispose pas du pouvoir de décision dans ce domaine.