Cent quatre vingt pays se réunissent lundi à Montréal pour une nouvelle conférence ministérielle de l’Onu sur le changement climatique, où le renforcement, après 2012, des efforts de la communauté internationale pour combattre le phénomène devrait susciter un affrontement euro-américain.
"L’après-2012" sera discuté pour la première fois officiellement dans le cadre des Nations unies et sera le point le plus chaud des deux semaines de travaux.
L’expression désigne les suites éventuelles à donner au protocole de Kyoto, qui impose à échéance 2012 des réductions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre aux pays industriels.
Selon des diplomates ayant assisté à des réunions préparatoires, les Etats-Unis, qui ont rejeté Kyoto en 2001, ont jugé "prématurée" toute discussion sur l’"après-2012" à Montréal.
L’Union européenne, championne de Kyoto, juge indispensable un nouvel accord international à l’horizon 2020 qui engagerait aussi les Etats-Unis et, sous une forme moins contraignante à définir, les gros émetteurs du Sud comme la Chine, l’Inde et le Brésil.
Elle cite les dernières études scientifiques sur l’accélération du réchauffement planétaire. Elle pointe aussi les multiples catastrophes naturelles de 2005 comme les cyclones Katrina et Rita, même si leur lien avec l’effet de serre n’est pas avéré.
Un mandat pour lancer la négociation d’un nouvel accord étant assuré d’un veto américain, l’UE vise seulement le lancement d’un "processus de réflexions" sur le sujet.
Elle est appuyée par le Canada, qui présidera la conférence et, dans une moindre mesure, le Japon et la Russie.
La conférence de l’Onu sera la première depuis l’entrée en vigueur, le 16 février, du protocole de Kyoto. Elle sera la première réunion de suivi du protocole et la 11è conférence de suivi de la Convention climat, l’accord-cadre de l’Onu sur l’effet de serre (1994) dont Kyoto (1997) a durci les dispositions.
Les Etats-Unis seront observateurs aux sessions consacrées au protocole. Ils participeront de plein droit aux travaux de la Convention, qu’ils ont ratifiée.
"L’après-2012" sera abordé dans les deux formations. Un article du protocole oblige en effet les parties à l’accord à étudier dès 2005 son éventuelle prolongation.
La discussion la plus importante aura lieu dans le cadre de la Convention, la présidence canadienne souhaitant impliquer pleinement les Américains. Elle devrait être arbitrée par les poids lourds du Sud, Chine et Inde notamment. Les pays émergents considèrent traditionnellement tout engagement de maîtrise de leurs rejets polluants comme une entrave à leur développement.
Alors que l’Inde continue de défendre cette thèse bec et ongle, la Chine est jugée plus ouverte aux positions européennes.
La conférence de Montréal devrait attirer 8.000 à 10.000 participants, dont une centaine de ministres de l’Environnement pour ses trois derniers jours, selon l’Onu qui l’a qualifiée d’"historique".
Elle pourrait déboucher sur une déclaration ministérielle contenant un libellé plus ou moins byzantin sur l’"après-2012".
Son résultat le plus lisible pourrait être une promesse des pays industriels de renforcer les moyens de l’Onu pour gérer le Mécanisme de développement propre (MDP, CDM en anglais). Cette disposition du protocole permet aux pays du Nord de faire des investissements "propres" au Sud et d’avoir ainsi moins de réductions d’émissions à faire sur leur territoire national. Un traitement accéléré des projets d’investissements MDP est souhaité par tous, Etats-Unis compris.