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Décryptage : exilium bis

Le fondateur du Journal Hebdomadaire, Aboubakr Jamaï, quitte le Maroc. Il s’auto-exile. C’est ce qu’il a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au siège du PSU à Casablanca mercredi 3 février. Il affirme qu’il est contraint de le faire. C’est triste. Sincèrement triste. Car, on ne peut jamais se réjouir qu’un citoyen soit «contraint» de quitter son pays. Devoir vivre en dehors de sa patrie est difficile, très difficile. Mais, pour vivre son exil d’une manière aussi pénible, il faut y être contraint. Est-ce le cas pour M. Jamaï ?
Apparemment, non. Il n’y a pas de contrainte. Nul n’oblige M. Jamaï à quitter son pays. Sauf le poids de la dette publique et privée qui pèse sur ses épaules. Mais, est-ce une raison suffisante? Outre ce détail financier résultant d’une mauvaise gestion de la société dont il avait la responsabilité, il n’existe aucune raison politique ou judiciaire qui puisse le forcer à aller vivre ailleurs. S’exiler, dans son cas, est donc un acte individuel justifié par des raisons autres que celles invoquées publiquement le mercredi 3 février. Il s’agit uniquement, peut-être, d’une sorte de fuite en avant révélant une incapacité à faire face à ses responsabilités vis-à-vis des actionnaires de l’entreprise et de ses salariés. La deuxième chose qui fait que l’éloignement forcé soit aussi triste à supporter, c’est le fait de porter un amour profond et inconditionnel pour son pays. Et quand on aime son pays à ce point, on défend son intégrité territoriale, on refuse d’être le porte-parole de ses adversaires, on sacralise ses intérêts géopolitiques, on favorise sa stabilité constitutionnelle, etc. Quand on porte sa patrie dans son cœur, on a une vision politique qui dépasse les petits calculs politiciens dictés par des aspirations ratées de vouloir donner une tournure inconstitutionnelle à son devenir politique. Aimer son pays, c’est préserver son unité sous toutes ses formes. Alors comment être triste de quitter un pays auquel on n’a pas donné de preuve d’amour.  M. Jamaï quitte, pour la deuxième fois en trois ans, le pays en affirmant y être contraint. C’est ce qu’il affirme. Nul ne peut l’empêcher d’exercer son droit à penser qu’il y est contraint. Mais, nul ne peut nous priver de notre droit à ne pas le croire. C’est ça la vraie liberté de pensée et d’expression.

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