Le ministère algérien des Affaires religieuses a décidé de convoquer les imams auteurs « des appels au lynchage » des femmes ne se conformant pas aux règles vestimentaires édictées par la Charia, notamment le port du voile, et présentées comme « à l’origine de la malédiction divine » du séisme du 21 mai, ont indiqué mardi des sources gouvernementales. Profitant de la fragilité psychologique des habitants de l’est d’Alger, traumatisés par le principal séisme du 21 mai, plusieurs associations caritatives islamistes ont ainsi multiplié des actions de propagande religieuse tant sur les lieux du sinistre que dans les mosquées qu’ils contrôlent. «Si aujourd’hui le pays vit au rythme des tremblements de terre, c’est parce que nos femmes ne respectent pas les consignes religieuses et se manifestent avec des habits de dévergondées», ont expliqué certains imams lors de leurs prêches, selon le quotidien “Le Matin”. «S’il y a des personnes qui doivent se repentir, ce sont bien les auteurs de ces interprétations fantaisistes», a réagi le Dr Mohamed Aïssa, directeur de l’orientation religieuse au ministère. Le Dr Aïssa, chargé de coordonner pour le gouvernement la supervision des prêches, explique ainsi sa volonté de sanctionner les prêches jugés « subversifs » en ordonnant par exemple la suspension de leurs auteurs. Le ministère des Affaires religieuses, selon Mohamed Aïssa, rendra public incessamment un communiqué dans lequel il apportera un démenti formel à ces « allégations charlatanesques ».
«Nous allons procéder en deux phases : la première consiste à rappeler l’imam incriminé devant une commission scientifique afin de savoir pourquoi il a développé un tel discours religieux et quelles sont les références religieuses sur lesquelles il s’est basé», a-t-il précisé. Pour le théologien du ministère, il est «inadmissible» de laisser de tels comportements avoir lieu sans que l’autorité intervienne pour y mettre bon ordre.