Monsieur Nazif et les 34 membres de son cabinet ont défilé devant M. Moubarak au palais présidentiel pour prêter serment. Quatorze nouveaux ministres font leur entrée au gouvernement, dont la composition définitive a été entérinée mardi soir par M. Moubarak.
Après avoir prêté serment, l’ensemble du nouveau cabinet s’est réuni avec M. Moubarak, qui a donné le ton et « défini les principales tâches du gouvernement », lui fixant pour missions premières d' »améliorer le niveau de vie et le quotidien des citoyens », d' »augmenter leurs revenus », et d' »améliorer et moderniser la prestation des organismes administratifs ».
Un travail digne d’Hercule attend ce gouvernement, qui devra juguler l’inflation et la hausse du chômage provoquées par les mesures économiques prises par son prédécesseur. Ces mesures, estimées « indispensables » par les organismes financiers internationaux créditeurs de l’Egypte et longtemps reportées de crainte de protestations populaires, ont finies par être adoptées, mais en pleine période de récession, ce qui a ralenti davantage l’économie et dissuadé les investisseurs.
Pour tenter de faire revenir ceux-ci en Egypte, un ministère des Investissements a été créé dans le nouveau gouvernement, et a été attribué à Mahmoud Mohieddine. La décision de dévaluer la livre égyptienne en janvier 2003 a entraîné une flambée des prix, notamment des produits alimentaires de première nécessité. depuis cette date la livre a perdu 56% de sa valeur, et les augmentations de prix varient de 15% à 80% selon les produits, estiment les experts. La situation des comptes de l’Etat n’est pas meilleure: le gouvernement a dû avouer récemment que le déficit budgétaire atteindrait 52,3 milliards de livres égyptiennes (8,4 mds USD) pour l’année fiscale 2004-05, et la dette extérieure publique était de 28,7 mds de dollars fin juin, selon le ministre sortant des Finances Medhat Hassanein.
Tous les gouvernements de l’Egypte moderne se sont tous heurtés à une équation impossible à résoudre: créer suffisamment d’emplois pour absorber la croissance démographique, dans un pays où la population a dépassé les 70,5 millions d’habitants et où un enfant naît en moyenne toutes les 26 secondes. Dans sa première déclaration publique, M. Nazif a affirmé que « le problème du chômage sera l’une des priorités du nouveau gouvernement » et a souligné que l’Etat créait 150.000 emplois par an sur les 600.000 nécessaires et qu’il envisageait de nouveaux programmes pour créer davantage de postes. Les 14 nouveaux ministres, sont pour la plupart des partisans de l’économie de marché. Parmi eux figurent de nombreux proches de Gamal Moubarak, le fils du président, qui détiennent surtout les portefeuilles économiques et devront donner une impulsion au secteur privé pour qu’il absorbe davantage de chômeurs. M. Moubarak a souvent appelé de ses voeux un encouragement du secteur privé, et a souligné que les salaires de la fonction publique représentent 57,6 milliards de livres égyptiennes (environ 9,29 mds USD) dans le budget de l’année fiscale 2004-2005, soit le tiers du budget de l’Etat ».
Le taux de chômage en Egypte a atteint les 9,9% de la population active selon des estimations officielles, et le nombre de chômeurs est estimé à 1,99 million.
Pour le Fonds monétaire international, l’Egypte doit atteindre une croissance de 6% afin d’être en mesure de créer chaque année 600.000 emplois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail et les chômeurs.
• Lamia Radi (AFP)