M. Sharon a proclamé que l’armée « ne devait faire aucune concession et faire preuve de fermeté » contre tous ceux qui répondraient aux appels au refus d’obéissance lancés récemment par des rabbins et des groupes de colons extrémistes aux soldats d’active et de réserve, ont indiqué des responsables.
Le Premier ministre a fait ces déclarations lors d’une rencontre avec les différents commandants de régiments en poste sur le terrain réunis dans ses bureaux à Jérusalem, en présence, du ministre de la Défense Shaoul Mofaz et du chef d’état-major, le général Moshé Yaalon. M. Sharon a toutefois appelé les responsables militaires à faire preuve d’une certaine « sensibilité » lors de l’évacuation prévue des 8.000 colons installés dans les 21 colonies juives de la bande de Gaza et dans quatre petites implantations du nord de la Cisjordanie qui doit débuter en juin prochain. « Il faut faire preuve de sensibilité et comprendre la douleur des colons qui sont de bons citoyens israéliens », a ajouté le Premier ministre. M. Sharon a fait ces déclarations en réponse notamment à une campagne d’un nouveau mouvement ultra nationaliste, baptisé « Rempart », qui s’est fixé pour objectif de recueillir 10.000 signatures de soldats d’active et de réserve annonçant leur refus d’obéir aux ordres d’évacuation.
Le conseil des rabbins de Judée-Samarie (Cisjordanie) et de la bande de Gaza a également publié en juin dernier un décret religieux interdisant à l’armée et la police israéliennes d’évacuer des colonies. Ces rabbins extrémistes ont réitéré leur appel ces derniers jours, alors que le Conseil des implantations de Judée-Samarie et de la bande de Gaza, la plus importante organisation de colons, a pris ses distances avec cette campagne en affirmant, la semaine dernière, s’opposer à un mouvement de désobéissance au sein de l’armée.Le chef des unités terrestres de l’armée israélienne, le général Yiftah Ron Tal, avait aussitôt dénoncé cette campagne en la qualifiant « d’appel illégitime à la révolte » et averti que l’armée n’hésiterait pas à « sanctionner sévèrement » les militaires qui refuseraient d’obtempérer aux ordres. Le mouvement anticolonisation «La Paix Maintenant» a, pour sa part, présenté, jeudi dernier, une pétition pour recruter des volontaires acceptant de remplacer les soldats qui refuseraient de participer au retrait.
Sur le terrain, deux soldats israéliens qui se trouvaient dans un des véhicules militaires qui accompagnent chaque jour un convoi de colons se rendant des implantations du nord de la Cisjordanie vers le territoire israélien, ont été blessés mercredi par des tirs de Palestiniens, a-t-on appris de sources militaires. L’attaque a été revendiquée par les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa liées au mouvement Fatah, dans un appel téléphonique à l’AFP. Du côté palestinien, à l’approche de l’élection présidentielle du 9 janvier, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe radical, a annoncé mercredi qu’il soutenait le candidat indépendant, Moustapha Barghouthi.
L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse à Gaza par un membre du bureau politique du FPLP, Rabah Mouhanna. M. Barghouthi, 51 ans, un militant pour la démocratie et les droits de l’Homme, se présente comme le principal rival du chef de l’Organisation de libération de la Palestine, Mahmoud Abbas, pour succéder à Yasser Arafat.
• Jean-Luc Renaudie (AFP )