Le cabinet a adopté ce texte par 13 voix contre six, a précisé la radio. « Ce projet de loi facilitera autant que possible les choses aux habitants (les colons, NDLR) qui seront évacués (…) La semaine prochaine, il sera soumis en première lecture à l’approbation de la Knesset », avait auparavant déclaré le Premier ministre, Ariel Sharon, en séance hebdomadaire de cabinet, dans des propos diffusés par la radio publique israélienne. Le texte sur les indemnisations a été élaboré par le ministère de la Justice, mais ne pouvait pas être examiné par la Knesset, sans un vote préalable du Parlement sur l’ensemble du plan de retrait, prévu mardi soir.
Ce plan prévoit un retrait militaire israélien total de la bande de Gaza d’ici à septembre 2005, le démantèlement des colonies juives de la région et de quatre autres en Cisjordanie, ainsi que l’évacuation de leur 8.000 habitants. Selon les médias israéliens, ces derniers se verront attribuer la part du lion d’une enveloppe de près de 900 millions de dollars prévue pour l’ensemble de l’opération de redéploiement. Le projet de loi approuvé par le cabinet punit, par ailleurs, d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison les Israéliens tentant de s’infiltrer dans les secteurs qui doivent être évacués ou s’opposant par la force à l’application du plan. Toujours selon ce texte, les Israéliens qui auraient recours aux armes encourraient jusqu’à cinq ans de prison. L’Etat hébreu devra mobiliser quelque 4.000 conteneurs pour évacuer et entreposer les biens des colons évacués, a indiqué la presse israélienne. Le cabinet Sharon a en outre approuvé, dimanche, une assistance spéciale de 17 millions de dollars à Sdérot et aux agglomérations israéliennes proches de Gaza, régulièrement visées par des tirs de roquettes Qassam. Le plan de désengagement unilatéral devrait être approuvé mardi soir à la Knesset par 66 députés contre 46 et six abstentions, deux autres élus étant absents, selon les estimations du quotidien israélien «Maariv». Depuis l’approbation de ce plan par son cabinet en juin, M. Sharon n’a plus de majorité à la Knesset où il peut compter sur 59 députés seulement pour un total de 120 et faute d’avoir élargi sa coalition gouvernementale, il est régulièrement menacé d’être renversé. « Nous ne présenterons aucun projet susceptible de renverser Sharon, afin de ne pas nuire à l’application du retrait de la bande de Gaza, bien que nous ayons préféré que le retrait fût négocié », a assuré, dimanche à la radio, Yossi Beilin, chef du parti Yahad (gauche laïque, six élus). « Nous ferons tout le nécessaire pour que le retrait de Gaza soit réalisé, car c’est une décision historique conforme à la volonté de la majorité du peuple », a renchéri le chef de l’opposition travailliste, Shimon Peres.
Selon un rapport interne du gouvernement israélien, l’Etat hébreu pourrait cependant continuer à être considéré par la communauté internationale comme puissance occupant la bande de Gaza, même après son retrait de la région, car il veut en contrôler les accès, l’espace aérien et les eaux territoriales. Le retrait d’Israël de la bande de Gaza doit être « la première partie » d’un plan d’évacuation des territoires palestiniens, a souligné dimanche le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, Javier Solana, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand «Spiegel» à paraître lundi.
Sur le terrain, l’armée israélienne a pénétré, dimanche matin, dans un camp de réfugiés de Naplouse (nord de la Cisjordanie), pour y procéder à des perquisitions. Durant l’incursion, les Palestiniens ont actionné une voiture piégée contre une patrouille militaire qui n’a pas fait de blessés.
• Charly Wegman (AFP)