« C’est l’aboutissement de longs efforts », a commenté le président français, Jacques Chirac, interrogé lors d’un point de presse au cours d’une visite à Madagascar. « De longues et intenses négociations ont permis de renvoyer en France quatre de nos ressortissants qui étaient détenus à Guantanamo, sur six ou sept », a-t-il précisé. Un avion militaire français transportant les détenus remis aux autorités françaises a atterri à 12H45 (10H45 GMT) sur la base aérienne d’Evreux (ouest de la France). Des représentants des ministères de la Justice et des Affaires étrangères attendaient les quatre hommes, faits prisonniers en Afghanistan entre fin 2001 et début 2002.
Le ministère français des Affaires étrangères avait confirmé, mardi matin, ce transfèrement qui intervient après une série de mesures identiques prises en faveur de prisonniers titulaires de nationalités européennes.
Les quatre Français sont identifiés comme étant Mourad Benchellali, Imad Kanouni, Nizar Sassi et Brahim Yadel.
Deux autres Français, Ridouane Khalid et Khaled Ben Mustafa, et un troisième dont la nationalité française est incertaine, Mustaq Ali Patel, sont encore prisonniers du camp de Guantanamo où les conditions de détention ont été critiquées par des organisations de défense des droits de l’Homme.
Les quatre détenus ont été immédiatement placés en garde à vue par des policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage). Ils doivent ensuite être transférés dans les locaux de la DST à Paris dans le cadre d’une commission rogatoire du juge antiterroriste français, Jean-Louis Bruguière, chargé d’une information judiciaire sur eux depuis novembre 2002. L’un des avocats de Benchellali et Sassi, Me William Bourdon, a estimé que le juge ne disposait pas d’éléments solides contre les quatre hommes justifiant leur incarcération. Il a dit espérer que ses clients « retrouveront leurs familles rapidement » « A la suite des discussions engagées entre la France et les Etats-Unis au sujet de détenus français de Guantanamo, les autorités américaines ont décidé de remettre à la France sur la base militaire de Guantanamo quatre de ces détenus qui sont rapatriés en France aujourd’hui », avait indiqué mardi matin un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.
« Nous poursuivons les discussions avec les autorités américaines en vue d’obtenir aussi rapidement que possible la remise des autres détenus français restant à Guantanamo », ajoutait le communiqué.
Cinq Britanniques ont été libérés en mars dans le cadre des transfèrements de prisonniers bénéficiant de nationalités européennes. Il reste dans le camp américain de Guantanamo quatre autres Britanniques que Londres ne souhaite pas voir remis en liberté dans la mesure où ils pourraient constituer une menace pour la sécurité du pays.
L’unique prisonnier espagnol rapatrié de Guantanamo avait été rapatrié et il a été libéré le 13 juillet, en raison des conditions de détention « contraires au droit » infligées par les autorités américaines.
Un Allemand est également détenu à Guantanamo et son avocat exige sa libération, depuis une décision de la Cour suprême des Etats-Unis octroyant aux prisonniers le droit de contester leur détention devant un tribunal civil.
Après cette décision fin juin, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils envisageaient de relâcher certains des quelque 600 détenus de Guantanamo pour éviter la multiplication des recours judiciaires.