Des plaintes pour violence psychologique dans le cadre du travail ont été récemment déposées au ministère de la Santé. Des médecins femmes du secteur public dont des généralistes et chirurgiens-dentistes, à la province de Sidi Kacem, déclarent subir un harcèlement moral sur leur lieu de travail de la part de leur supérieur hiérarchique, en l’occurrence le délégué provincial du ministère de la Santé, Ahmed El Ansari. "Monsieur le ministre, ayant subi un préjudice moral et une atteinte à mon intégrité, à titre de médecin et plus simplement d’être humain et de femme ayant droit au respect, et suite à un épisode de violence psychologique exercé à mon encontre par mon supérieur hiérarchique, le délégué provincial de Sidi Kacem, je me vois moi-même dans l’obligation de référer de son comportement à sa propre hiérarchie", lit-on dans l’une des plaintes. Les plaignantes disent avoir fait l’objet de conduites abusives, qui se seraient manifestées notamment par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes qui portent atteinte à leur personnalité, à leur dignité et à leur intégrité psychologique. "C’est un climat social dégradant. Nous avons décidé de briser l’omerta sur ce problème pernicieux. C’est pourquoi nous avons adressé des plaintes au ministère de la Santé", indique H.E, chirurgien-dentiste au Centre de Santé de Sidi Kacem . Et d’ajouter : "Le délégué provincial ne cesse de multiplier les affronts verbaux et les brimades à notre encontre. Ayant fait l’objet d’une convocation à la commission médicale le lundi 20 mars 2006 à 11h dans le cadre d’une contre-visite, je me suis présentée à la commission médicale où le délégué et M. Diouri (médecin-chef du SIAAP) en qualité de médecins responsables siégeaient. M. Diouri m’a demandé ce qui avait justifié l’établissement de mon certificat médical d’une durée de trois jours. J’ai répondu que j’avais souffert d’un torticolis. Le délégué m’a regardée alors, puis, avec plein de sous-entendus dans la voix, a commencé par mettre en doute le fait que j’avais réellement eu un torticolis (attesté par le certificat d’un Professeur en rhumatologie au CHU de Rabat) ; c’est-à-dire qu’il sous-entendait en substance que ma maladie n’avait été qu’imaginaire ! Je commençais à me sentir mal à l’aise parce que manifestement, il cherchait n’importe quel moyen de me mettre en faute. Puis il m’a dit «A lalla, les trois jours de certificat vous seront décomptés»". D’autres femmes médecins affirment avoir fait l’objet "d’insultes ou de comportements insultants de façon répétée de la part de leur supérieur hiérarchique".
"Un jour, je suis sortie de son bureau en pleurant, détruite moralement, dans un état émotionnel déplorable. Car, il a d’abord commencé par me refuser arbitrairement une autorisation d’absence de deux jours pour assister à un congrès, sachant que la formation continue est de mon droit et est, de plus, prévue dans les textes de la Fonction publique. Ensuite, il s’est attaqué à la validité du certificat médical antérieur délivré par mon psychiatre de Rabat en m’enjoignant de consulter désormais un psychiatre de l’hôpital local sous peine de sanctions", témoigne H.K, un médecin généraliste. Par ailleurs, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public a récemment publié un communiqué où il dénonce avec vigueur ce comportement à l’encontre du personnel médical composé dans sa majorité de femmes. Contacté par la rédaction d’ALM à plusieurs reprises, hier lundi, M. Ansari, n’a pu être joint. Selon sa secrétaire, il était toute la journée en réunion.