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Immigration : La fin de l’Eldorado

Longtemps réputée comme étant un pays d’accueil tolérant, pôle d’attraction pour les réfugiés, demandeurs d’asile et immigrants, la Grande-Bretagne a récemment durci sa législation sous la pression de son voisin français.
Dans les filières de migrants, le bouche-à-oreille dit qu’il est plus facile de faire sa place au soleil en Grande-Bretagne qu’ailleurs en Europe: la carte d’identité n’existe pas, les contrôles sont rares, les petits boulots faciles à trouver, permettant parfois de rembourser les passeurs qui ont facturé leurs services entre 5.000 et 15.000 dollars (euros). Une fois qu’ils avaient traversé la Manche, les migrants avaient en Grande-Bretagne, avant l’adoption de la nouvelle loi, le droit de travailler en attendant la réponse àleur demande d’asile. En cas de rejet, ils pouvaient facilement s’évaporer dans la nature.
Avec un taux de chômage qui avoisine les 3% de la population active en Grande-Bretagne, ils trouvaient aisément du travail.
Ils étaient hébergés aux frais de l’Etat dans des centres, des logements sociaux, Bed and Breakfast ou des hôtels bon marché et recevaient une allocation. En France, par comparaison, les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler, ils ont droit à une petite aide sociale, mais l’hébergement n’est pas systématique.
Le gouvernement britannique, voulant mettre fin au flot des demandeurs d’asile et aux réfugiés économiques, a, peu, à peu érodé ces avantages, principalement dans une nouvelle loi sur l’immigration et la nationalité promulguée en novembre. La France avait fait de la modification de la législation britannique une condition à la fermeture du centre de réfugiés de Sangatte (Pas-de-Calais), dans le nord de la France, que réclamait Londres depuis des années. Depuis juillet, les demandeurs d’asile n’ont plus le droit de travailler en Grandee-Bretagne tant qu’ils n’ont pas la réponse des services d’immigration, censée leur parvenir dans un délai de six mois.
A partir du 8 janvier, les aides sociales pourront être refusées aux immigrants qui ne se seront pas enregistrés « dès que possible » après leur arrivée ou qui refuseront de dévoiler les réseaux et filières qui les ont menés en Grande-Bretagne. Le gouvernement veut les loger dans des centres d’hébergement, où leurs enfants seront scolarisés, alors qu’ils étaient, jusque-là, intégrés dans les écoles locales. Dans ces centres, qui seront en place en 2005, les migrants devraient avoir accès à une aide juridique et médicale ainsi qu’ à des interprètes. Mais, selon les organisations s’occupant des réfugiés, il n’est pas certain que ces dispositions tarissent le flux des immigrants. « Dans de nombreux cas, les réfugiés n’ont pas réellement choisi de venir au Royaume-Uni. Les passeurs les amènent aussi loin que possible, parce que c’est plus cher », explique Simon Taylor, porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) à Londres. « S’ils ont quelques rudiments d’une autre langue, c’est l’anglais.
Partiellement à cause de la situation économique, partiellement à cause de l’anglais, ils pensent qu’ils ont de meilleurs chances ici », ajoute-t-il.
« Les immigrants d’Irak et d’Afghanistan choisissent de préférence la Grande-Bretagne pour des raisons historiques », Londres étant l’ancienne puissance coloniale, explique Corinne Perthuis, porte-parole du HCR en France.
Et puis au Royaume-Uni, ils viennent se fondre dans des communautés déjà établies, parfois de longue date. Car les réfugiés de Sangatte suivent souvent la route empruntée avant eux par des membres de leur famille, qui ont déjà rejoint l’Angleterre. 65.000 migrants sont passés par Sangatte en trois ans.

• Catherine Fay De Lestrac (AFP)

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