Le président irakien déchu Saddam Hussein et sept de ses lieutenants, dont le procès s’est ouvert le 19 octobre, reviennent lundi devant les juges pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl (au nord de Bagdad) dans les années 1980. L’ancien dictateur et ses co-accusés risquent la peine de mort dans cette affaire. À la veille de la reprise du procès, l’influent chef chiite Abdel Aziz Hakim a estimé dimanche que la justice était trop lente pour n’avoir pas encore jugé "un criminel comme Saddam" Hussein. De leur côté, des avocats de la défense vont au contraire chercher à obtenir lundi un ajournement du procès, a annoncé à Amman l’un d’eux, Ziad Nadjaoui. En Irak, "la justice est faible, ce qui a entraîné du retard", a dit M. Hakim à l’AFP. Le fait de ne pas encore avoir jugé "un criminel comme Saddam" prouve "la faiblesse de cette justice", a ajouté le chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), qui constitue le plus grand bloc parlementaire. Me Nadjaoui a annoncé que des avocats de la défense chercheraient à obtenir un ajournement du procès, qui vient déjà d’être suspendu pendant cinq semaines. Le procès, que la population pourra suivre en différé à la télévision, suscite des réactions dans la communauté chiite, qui a été l’une des principales victimes de l’ancien régime. Quelques centaines de manifestants ont défilé dimanche dans les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala (au sud de Bagdad), pour demander une conclusion rapide du procès et l’exécution immédiate de l’ex-président. Au moment où se déroule aux Etats-Unis un débat pour savoir quand et dans quelle mesure les troupes américaines déployées en Irak pourront rentrer au pays, M. Hakim a estimé que ce sont les Américains qui retardent la prise en charge de la sécurité par les forces irakiennes. Plaidant pour une plus grande liberté d’initiative pour les soldats irakiens, le dirigeant chiite a estimé que les Américains "sont parfois un obstacle" à ces forces, qui ne peuvent pas utiliser tous leurs moyens pour exécuter certains plans "des ministères de l’Intérieur et de la Défense" pour faire face aux rebelles. Pourtant, c’est à la demande de dirigeants sunnites et non pas de responsables américains, que les forces armées irakiennes ont dû renoncer dimanche à une vaste opération militaire. Le ministre de l’Intérieur, Bayane Jabr Soulagh, a en effet annoncé la suspension sans précédent d’une opération d’envergure, à la suite d’une plainte du Comité des oulémas, principale association religieuse sunnite d’Irak, qui a obtenu l’intervention de la Ligue arabe.