La conférence se tiendra le 25 novembre en Egypte, a annoncé dimanche le porte-parole de la présidence égyptienne, Magued Abdel Fattah, précisant que « des consultations intensives sont en cours pour déterminer le résultat final escompté de la conférence avant sa tenue ». Des diplomates au Caire ont toutefois affirmé que cette date n’était pas encore définitivement acquise et qu’elle pourrait être retardée de quelques jours, en raison de l’incertitude persistante sur le déroulement des pourparlers. « La configuration la plus vraisemblable devrait être une réunion régionale le premier jour, suivie le lendemain par une rencontre élargie aux organisations internationales », a déclaré à l’AFP l’un de ces diplomates, sous couvert de l’anonymat. Un accord sur la tenue d’une telle conférence était acquis en principe depuis des mois, mais c’est seulement en septembre que le secrétaire d’Etat américain Colin Powell l’a confirmée. Selon des sources diplomatiques, le président égyptien Hosni Moubarak s’est refusé à organiser précipitamment cette réunion en octobre, en raison du Ramadan qui débute vers le milieu du mois et de la campagne pour l’élection présidentielle américaine du 2 novembre. La tenue de la réunion aurait coïncidé avec les derniers jours de cette campagne, lors de laquelle John Kerry a dénoncé son concurrent, le président sortant George W. Bush, pour ne pas s’être assuré du soutien d’une large coalition avant d’envahir l’Irak en mars 2003. Il revient à l’Egypte la tâche difficile de fixer le programme de la réunion, alors que les avis divergent sur les mesures à prendre pour pacifier l’Irak, toujours en proie à la violence. « Le programme reste extrêmement vague. Il y a encore de nombreux problèmes qui doivent être résolus », a constaté un autre diplomate.
Cette conférence devrait voir la participation du gouvernement du Premier ministre irakien Iyad Allaoui, des pays voisins de l’Irak, ainsi que du groupe des huit principaux pays industrialisés (G8), de l’Organisation de la conférence islamique, de la Ligue arabe et peut-être de l’Union européenne. M. Moubarak a quitté lundi l’Egypte pour un voyage officiel en Italie, l’un des alliés des Etats-Unis en Irak, mais également en France, qui s’était, elle, opposée à l’invasion.
Paris a favorablement accueilli l’idée d’une conférence sur l’Irak, mais affirmé qu’une telle réunion devrait discuter, outre de la reconstruction et les élections prévues en janvier 2005, d’un programme pour le retrait des troupes américaines du pays et inclure « tous les acteurs irakiens rejetant la violence ou qui feraient le choix d’y renoncer ». Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier a déclaré que son pays aurait préféré que la conférence se tienne à New York, où se trouve le siège de l’Onu. Cette position a été mal accueillie par le gouvernement irakien et à Washington.
Les attentats meurtriers de jeudi posent en outre un nouveau défi aux autorités égyptiennes. Charm el-Cheikh, où la conférence devrait se tenir, se trouve dans le Sinaï, la région auparavant vantée pour sa sécurité où se sont produites les trois attaques qui ont fait plus de 30 morts. Trois groupes, dont l’un affirmant être lié au groupe terroriste al-Qaïda d’Oussama ben Laden, ont revendiqué ces attentats, les premiers de cette envergure en Egypte depuis 1997.
• Jean-Marc Mojon (AFP)