24 heures

La loi du marché

© D.R

Driss Lachgar, membre du bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires, semble décidé à défendre jusqu’au bout son projet d’alliance avec le Parti de la justice et du développement (PJD).
A chaque fois que l’occasion se présente, il n’hésite pas à dérouler son argumentaire et à tenter de convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de l’idée et de l’utilité de la démarche. Pour ce faire, il est prêt à tout. Même à « révéler » que l’ancien Premier ministre socialiste, Abderrahmane Youssoufi, tenait, chez lui, des « réunions secrètes » avec les dirigeants du PJD. M. Lachgar, qui a fait ses « révélations » lors d’une intervention devant des représentants de la jeunesse ittihadie à Kénitra, a indiqué que des réunions étaient organisées régulièrement au domicile de l’ancien Premier ministre avec le chef du groupe parlementaire du PJD, Mustapha Ramid. Ces réunions étaient consacrées à des concertations sur l’actualité politique et économique du pays.
A travers ces révélations, M. Lachgar veut convaincre ceux qui ne le sont pas encore dans la famille ittihadie que le dialogue avec le parti islamiste est une chose tout à fait normale. Or, personne n’est contre. Tout le monde sait qu’en politique, on peut parler à tout le monde, même à ses adversaires. L’essentiel du travail d’un politique est de parler, débattre, argumenter, convaincre, etc. Mais, les alliances, c’est autre chose. Elles nécessitent la réunion de certaines conditions qui dépendent de plusieurs éléments relatifs à la nature et à la finalité du projet d’alliance. Certes une alliance entre le PJD et l’USFP est possible. Pour convaincre de cela, M. Lachgar n’a pas besoin de transformer les réunions de concertation entre Me Youssoufi et le membre de la majorité gouvernementale de l’époque qu’était le PJD, en réunions secrètes. Toute alliance est possible dans le monde de la politique. Mais, comme dans le monde de l’industrie, en politique aussi, on ne lance un nouveau produit que s’il répond à un besoin. C’est la loi du marché. Or, le besoin d’une alliance entre l’USFP et le PJD ne se fait pas sentir. Les consommateurs n’en ont pas  formulé la demande.  Pour les analystes du paysage politique marocain, le seul besoin qui se fait sentir vraiment sur le marché est celui de démonter le Bloc démocratique (la Koutla) pour libérer ses composantes afin qu’elles puissent, chacune, rejoindre un pôle politique ayant les mêmes affinités idéologiques.  Briser la Koutla pour créer un regroupement politique contre-nature entre des socialistes modernistes et des islamistes réactionnaires ne correspond à aucune attente des électeurs marocains en terme d’offre politique. Cela ne ferait que perturber davantage l’image que les Marocains ont de l’action politique.

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