«L’OMS a décidé de lever sa recommandation contre les voyages à Pékin. Cette décision est fondée sur une analyse complète de la situation à Pékin », a annoncé au cours d’une conférence de presse le Dr Shigeru Omi, directeur de l’organisation pour la région Pacifique-Ouest. Si cette décision, prise à la demande des autorités de la capitale, était attendue, l’OMS a créé la surprise en jugeant qu’il n’était pas nécessaire d’attendre 20 jours, soit deux fois la durée maximale d’incubation du SRAS, pour déclarer Pékin libre de toute contamination récente de la pneumonie atypique. « C’est un grand jour, un jour historique », a déclaré le vice-ministre chinois de la Santé Gao Qiang, qui a remercié les personnels médicaux du pays pour le sacrifice qu’ils ont consenti.
La capitale n’en était mardi qu’à son 13ème jour consécutif sans nouveau cas de SRAS. Seuls 43 malades de la pneumonie atypique y restent hospitalisés, sur 2.521 cas au total. 191 personnes en sont mortes à Pékin, soit plus de la moitié des 347 décès enregistrés en Chine continentale. « Pékin a été retirée de la liste des régions avec transmission locale récente », a ajouté M. Omi.
« Aujourd’hui, l’OMS ne déconseille plus les voyages vers aucune région du monde. Malgré cet excellent résultat, nous devons rester vigilants. En aucun cas, nous ne devons pécher par excès de confiance », a poursuivi le haut responsable de l’OMS.
Les deux dernières régions classées par l’OMS comme des zones où des cas récents de contamination par le SRAS ont été relevés, sont Taïwan et la ville canadienne de Toronto. La recommandation contre les voyages avait été levée pour Toronto dès le 29 avril et le 17 juin pour Taïwan. Hong Kong, où la recommandation avait été levée le 23 mai, a été déclarée libre du SRAS lundi. L’OMS avait déconseillé les voyages non-essentiels vers Pékin le 23 avril dernier, trois jours après l’aveu par les autorités chinoises de l’existence de plusieurs centaines des cas de Syndrome respiratoire aigu sévère dans la capitale.
Cet aveu est intervenu après plusieurs semaines de crise durant lesquelles les autorités chinoises ont largement sous-estimé la gravité de l’épidémie, contribuant à sa propagation. Originaire de la province méridionale du Guangdong où des cas sont apparus pour la première fois en novembre, le virus du Sras s’est répandu à Hong Kong, et de là vers plus de 30 pays, contaminant plus de 8.000 personnes et faisant plus 800 morts. La Chine, avec plus de 5.300 cas et 347 décès, est restée le pays le plus affecté par le fléau, qui, en dehors du Guangdong, de Pékin et à un moindre degré de quelques provinces du nord du pays, a épargné les autres régions, en partie grâce aux mesures de contrôle de la population prises par le gouvernement. La peur du SRAS, provoquant le repli chez eux des citadins et le retour à la campagne de 8 millions de ruraux travaillant en ville, a considérablement ralenti l’activité économique fin avril et début mai, surtout dans la capitale, qui comptait alors quotidiennement plus de 100 cas de SRAS supplémentaires. Si la production industrielle n’a pas beaucoup souffert, les services en général et le tourisme en particulier ont été fortement pénalisés.