Le directeur du grand quotidien libéral espagnol El Mundo, Pedro J. Ramirez, a confirmé lundi devant un juge de Madrid son refus de livrer des documents confidentiels sur l’instruction en cours sur les attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid, a-t-il dit à l’AFP. Ce flamboyant patron de presse, surnommé par tous Pedro J. (ndlr: prononcer "Pedrojota"), risque en principe six mois à un an de prison pour délit de désobéissance à l’autorité judiciaire, mais il s’est dit certain que l’affaire serait classée. "Je crois qu’ils n’oseront pas", a-t-il dit, interrogé sur l’éventualité que sa mise en cause débouche sur une inculpation et un procès, "ce serait une véritable déclaration de guerre de la part du gouvernement et je ne crois pas qu’ils veuillent se lancer là-dedans". Le juge Juan del Olmo, qui mène l’enquête sur les attentats de Madrid, avait sommé le 28 juillet le directeur d’El Mundo de lui remettre des pièces de l’instruction confidentielles publiées par son journal. Un autre juge, en faveur duquel Juan del Olmo s’était ensuite dessaisi, a demandé lundi au patron de presse de confirmer son refus de livrer les documents. "Je lui ai dit qu’il ne m’avait pas été possible d’obéir parce que pour les journalistes, l’article 20 de la Constitution (ndlr "Sur la liberté d’expression") n’est pas un droit mais une obligation, car il protège le droit à l’information des citoyens", a expliqué Pedro J. "J’aurais aimé collaborer avec la justice mais le secret professionnel m’oblige à protéger mes sources", a-t-il ajouté.