Les Mauritaniens se réveilleront le premier janvier 2006 avec une augmentation de 50% de leur pouvoir d’achat. A croire que dans son long péril, des déserts glacés de la Sibérie au sable enneigé du Kalahari, le père Noël aurait transité par ce pays jalousement attaché à son orthodoxie musulmane.
Comment le plus célèbre des petits pères blonds et barbus a pu approcher les logis des Nouakchottois et y déposer ce cadeau inespéré quand on sait que ceux-ci, vivant sous des climats chauds, ont pour règle d’honneur de faire économie de cheminée dans leur construction ?
En tout cas, Il ne s’agit pas d’un canular. Après avoir tremblé, quand la Télévision nationale et la Radio divulguèrent le passif financier laissé par l’ancien régime, soient 80 milliards d’ouguiyas (un dirhams = 30 ouguiyas), les Mauritaniens se reprennent désormais à espérer. Les fonctionnaires et les salariés du privé du futur émirat pétrolier recevront leur bulletin de paye avec un montant d’un mois et demi de labeur au temps du pouvoir de Ould Taya.
Ainsi en ont décidé les nouvelles autorités du pays.
L’annonce a été faite officiellement par l’homme fort du pays, le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, dans un discours adressé au peuple mauritanien. Cette augmentation sera d’autant plus bénéfique qu’elle sera accompagnée d’un allégement important de l’impôt sur les salaires de tous les corps de l’Etat et des employés du secteur «privé ». Certains fonctionnaires, dans la catégorie la plus démunie, bénéficieront même d’un surplus par rapport aux 50% généralisés.
Les ingénieurs, les médecins et les enseignants pourront désormais voir un accroissement «significatif » de leurs indemnités.
Ces décisions s’inscrivent, rappelle, le président mauritanien, dans le cadre de la concrétisation des engagements du CMJD et du gouvernement, décidés à mettre en place les conditions adéquates pour l’instauration de la justice.
Mais du reste, les observateurs n’hésiteront pas à remarquer, que ces charges significatives répercutées sur la fonction publique ne manqueront pas de faire grincer des dents aux partenaires étrangers, notamment des institutions comme le FMI. D’ailleurs, ce dernier a décidé de placer le pays du million de poètes en observations, pour une durée de six mois, le temps de voir l’évolution de la transition.
De son côté, l’administration Bush, intéressée par ce pays à la fois pour des raisons géostratégiques que pour son hydrocarbure (la première giclée est normalement pour 2006), a opté aussi pour un nouveau round d’observation. La Mauritanie ne fait plus partie depuis le 24 décembre 2005 de la liste des pays éligibles à un partenariat commercial privilégié sous l’égide du programme américain sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA). Hasard du calendrier, la décision américaine entre en vigueur le premier janvier 2006, en même temps que les augmentations prévues.
Pour le Mauritanien moyen, confronté à un niveau de vie de plus en plus élevé, la colère de l’Oncle Sam et la méfiance du Fonds monétaire international sont peu compréhensibles. Aussi, du premier janvier prochain, ne retiendra-t-on que cette augmentation de salaires.