Le K-159, un sous-marin nucléaire hors service depuis près de 15 ans, a sombré alors qu’il était remorqué vers une usine où il devait être démonté. Les pontons de remorquage se sont détachés en raison du mauvais temps, a expliqué le ministère de la Défense. Dix marins se trouvaient à bord, un seul a pu être secouru. Dimanche, alors que l’épave était localisée par 238 mètres de fond, gisant à l’horizontale et la porte de son kiosque ouverte, le ministre de la Défense Sergueï Ivanov soulignait que la négligence était à l’origine de l’accident. « C’est un nouvel exemple de l’habitude russe de compter sur la chance et d’espérer que ça passera quand même. Cela confirme une fois encore que les ordres et les instructions doivent être pris au sérieux », a déclaré M. Ivanov à bord du croiseur Maréchal Oustinov. « S’ils ne sont pas observés, tôt ou tard, des tragédies arrivent entraînant la mort d’innocents », a-t-il ajouté, cité par l’agence Interfax. Le président Vladimir Poutine avait aussi relevé la veille que ce nouveau drame montrait qu’il fallait « de la discipline » et que la mer « ne pardonne pas de fautes ni d’à peu près ». L’accident a ravivé dans les mémoires la tragédie du Koursk, ce sous-marin nucléaire qui a sombré il y a trois ans alors qu’il était en manoeuvre dans la mer de Barents, avec ses 118 hommes d’équipage. Les autorités russes, qui avaient été très critiquées en août 2000 pour leur manque de réaction et de transparence, ont cette fois réagi promptement, et ont promis une « enquête minutieuse », assurant que les responsabilités seraient établies. « Nous ne cherchons pas de bouc émissaire, mais l’enquête sera menée très minutieusement. La Cour définira le niveau de culpabilité de chacun et l’enquête montrera quels sont les problèmes auxquels il faut remédier », a assuré M. Ivanov. Dans les prochains jours, les opérations de secours vont se poursuivre « afin de préparer une opération pour remonter le sous-marin » et les membres d’équipage qui sont probablement encore à bord, a ajouté le ministre, précisant qu’aucune modification des niveaux de radioactivité n’avait été enregistrée dans les eaux avoisinantes. Temporairement, le remorquage de sous-marins nucléaires mis hors service a été interdit. Cet accident entraîne déjà quelques interrogations en Russie. Un des derniers commandants de la marine russe à avoir navigué à bord du K-159, Edouard Baltine, avait souligné sur la radio Echo de Moscou que le submersible fuyait déjà « de partout » il y a une vingtaine d’années, avant sa mise au rebut. « En plongée, nous parvenions à maintenir sa direction, mais à la surface, il perdait sa stabilité », a-t-il relevé. « Dans l’état où il était, il ne fallait pas le remorquer. Il aurait été plus utile de tout souder sur place. Et il n’y aurait dû avoir personne à bord », a ajouté l’amiral Baltine.