24 heures

Rafah suscite la controverse en Israel

Le prix de l’opération aura été « trop lourd », estimait mardi dans son ensemble la presse israélienne pour laquelle le monde retiendra surtout de cette opération les images des civils palestiniens fouillant les décombres de leurs maisons rasées par les bulldozers israéliens ou celles des obus de chars tirés en direction d’une foule de manifestants. Dimanche, le ministre israélien de la Justice Yossef (Tommy) Lapid avait affirmé que les images d’une vieille femme palestinienne en train de chercher des médicaments dans les décombres de sa maison à Rafah dans la bande de Gaza lui avaient rappelé sa grand-mère tuée pendant l’Holocauste. Les propos de M. Lapid, lui-même survivant du génocide nazi, avaient suscité de vifs remous dans le pays, certains de ses collègues au parlement se déclarant offusqués. Ils ont trouvé toutefois un certain écho mardi dans la presse israélienne, au lendemain de l’annonce par l’armée de la fin de l’opération « Arc-en-ciel » à Rafah. « Nous nous sommes conduits comme des éléphants dans un magasin de porcelaines », a déclaré l’un des officiers qui a participé à l’opération, cité par le journal Maariv.
« Le prix de l’opération était trop lourd car, mis à part le fait que des milliers de soldats y ont pris part, les images dures des maisons détruites à Rafah et de leurs malheureux propriétaires au milieu des ruines ont ému beaucoup, en Israël, et ont fait comprendre à l’armée que la légitimité et son espace de manoeuvre pour des opérations d’envergure étaient limités », écrit le Maariv. Un incident sanglant a marqué l’opération. Le 19 mai des tirs israéliens contre une foule de manifestants à Rafah qui protestaient contre la poursuite de l’opération ont fait dix tués, dont des enfants. Le dirigeant palestinien Yasser Arafat dénonçait aussitôt les « crimes atroces » de l’armée israélienne et appelait à une protection internationale.
A Rafah, Israël a perdu une bataille majeure dans la guerre des images avec les Palestiniens, écrivait le Haaretz. « Il était clair pour beaucoup, avant même son déclenchement la semaine dernière, qu’une opération à l’échelle d’une division à Rafah serait susceptible de ruiner les efforts déployés par Israël sur le plan de la propagande pour défendre sa cause », selon le journal. Le bilan des victimes de l’opération, 43 tués, dont des civils et parmi eux des enfants, a rapidement éclipsé le peu de sympathie que s’était attiré Israël après la mort de 13 de ses soldats deux semaines plus tôt dans la bande de Gaza. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a indiqué mardi, dans un communiqué, que 45 bâtiments avaient été détruits ou rendus inhabitables lors de l’opération israélienne déclenchée le 18 mai, laissant 575 personnes sans abri.
Alors que l’armée considérait son opération comme un « succès », la presse israélienne s’interrogeait sur les maigres résultats de la plus vaste opération lancée dans la bande de Gaza depuis le début de l’Intifada.
« Arc-en-ciel » avait pour but, selon l’armée, de pourchasser les activistes palestiniens et repérer et détruire les tunnels utilisés pour la contrebande d’armes entre l’Egypte et la bande de Gaza, dans le secteur de Rafah, à cheval sur la frontière. « A part des maisons détruites, et un tunnel (de contrebande d’armes) et demi que nous avons trouvé, nous n’avons pas changé grand chose » à la situation, selon des officiers cités par le quotidien Yédiot Aharonot.

• Jean-Marc Mojon (AFP)

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