Quand elle est enfin intervenue trois jours après la date butoir, la signature, mardi à Pretoria, de l’accord de paix intercongolais en République démocratique du Congo (RDC) a été accueillie dans une ambiance de joie.
Après un nouveau délai de plusieurs heures devenu la règle dans ces pourparlers, les délégués -représentant gouvernement, rébellion armée et opposition politique-, qui avaient déjà passé la nuit précédente en négociations, ont commencé de signer le document final, mardi vers 03h00 (01H00 GMT). Les pressions internationale et congolaise « énormes », selon un membre de la délégation du gouvernement de Kinshasa, ont poussé les composantes de la société congolaise à faire aboutir, à coups de compromis, un « dialogue » entamé en février dernier.
Aux petites heures de la matinée, 50 délégués aux pourparlers ont paraphé un à un le document global fixant le mécanisme d’un gouvernement de transition de deux ans, en RDC, basé sur un partage du pouvoir.
Un groupe de militantes congolaises pour la paix, vêtues de robes africaines colorées, ont chanté des hymnes tout au long de la cérémonie de signature.
Leurs mélodies se sont transformées en cris et hululements quand les délégués du Mouvement de libération du Congo (MLC, rébellion soutenue par l’Ouganda), ceux du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD, rébellion soutenue par le Rwanda), puis ceux du gouvernement de Kinshasa ont apposé, un par un, leurs signatures. « Les fleurs de la paix vont bientôt parfumer le superbe Congo », a déclaré le médiateur des Nations Unies, Moustapha Niasse, en commentant cet accord qui doit conduire la RDC, sous un gouvernement d’unité nationale, à ses premières élections libres depuis 1960, quand un scrutin avait consacré l’indépendance du Congo Belge. M. Niasse a annoncé aux délégués qu’ils recevraient, sous dix jours, un projet de constitution destiné à la période de transition, qui reprendra la teneur de l’accord.
Moustapha Niasse est devenu médiateur en chef des négociations après que les premiers pourparlers intervenus à Sun City en Afrique du Sud eurent échoué à mettre fin à la guerre qui déchirait la RDC depuis quatre ans, faisant un total de 2,5 millions de morts.
A la reprise des pourparlers en octobre à Pretoria, le ministre sud-africain du pouvoir local, Sydney Mufamadi, a été désigné pour accompagner Niasse dans ses efforts de médiation.
M. Mufamadi a averti les délégués, au moment de la signature, que « si le processus de négociations a été difficile, la réalisation concrète de l’accord pourrait l’être encore plus ». « Mais ceci est un moment de promesse pour le Congo », a-t-il ajouté.
« Les Congolais peuvent maintenant suivre une vie normale, en sachant que leurs dirigeants politiques prennent à coeur leur sécurité et la prospérité de leur pays », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à la cérémonie de signature, le secrétaire général du MLC, Olivier Kamitatu, a demandé « pardon » pour les années de guerre menées par son mouvement: « Nous demandons pardon pour toutes les victimes innocentes qui sont tombées ».
Azarias Ruberwa, chef de la délégation du RCD, a, pour sa part, déclaré: « Nous avons fait des concessions afin de pouvoir signer, et l’une d’entre elles est d’arrêter les combats ».
« Personne maintenant ne peut plus retourner à la guerre, jamais plus! », a-t-il lancé.
• Jean-Jacques Cornish (AFP)