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Mohamed Darif : «Il n’est nullement de l’intérêt du Maroc de rompre ses relations avec l’Espagne»

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ALM : Comment peut-on analyser l’attitude du Parti populaire espagnol envers le Maroc?
Mohamed Darif : On peut faire la distinction entre deux catégories de facteurs qui expliquent cette animosité du parti de la droite espagnole envers le Maroc. Tout d’abord, nous avons le facteur historique. Il faut dire que l’héritage historique du temps de la présence des Arabes dans la péninsule ibérique pèse toujours sur la politique du PP. Le Maroc constitue historiquement dans la mentalité des Espagnols une menace. La reine Isabelle la Catholique avait clairement recommandé, dans son testament aux dirigeants de l’Espagne, de garder la vigilance et la méfiance dans les relations avec le voisin du Sud. Elle avait dit que l’Espagne doit avoir une présence permanente au Maroc, chose concrétisée avec l’occupation de Sebta et Mellilia ainsi que plusieurs autres îles. La mentalité des dirigeants du PP a toujours été marquée par cette vision. Mais aussi, nous avons d’autres facteurs contemporains liés à l’immigration clandestine et le trafic de drogue. Dans ce sens, certains milieux espagnols qualifient le Maroc de source du mal.

Quelle est le poids du facteur électoral ?
Le PP est une formation qui fait de la politique. Il essaye de ce fait de jouer toutes les cartes pour obtenir un nombre important de sièges lors des prochaines élections. Ainsi, lorsque ce parti multiplie les provocations contre le Maroc, il essaye par là aussi de critiquer le Parti socialiste (PSOE). De ce fait, on peut dire que le Parti populaire fait recours aux questions se rapportant au Maroc à défaut d’autres thèmes mobilisateurs de son électorat.

Doit-on s’attendre à plus de tension dans les relations maroco-espagnoles au cas où le PP remportera les prochaines élections ?
Je pense que les relations maroco-espagnoles ne sont pas dictées seulement par les relations avec les partis politiques espagnols. Du temps d’Aznar, il y avait certes une grande tension, mais également une coopération et une conclusion de plusieurs accords de partenariat. Et en ce temps de Zapatero, il y a de bonnes relations entre les deux pays, mais il y a aussi résurrection de la tension d’un temps à l’autre. Cela prouve que dans les relations entre le Maroc et son voisin du Nord, il y a des constantes et des variantes. Pour ce qui est des constantes, il y a la coopération commerciale et économique indispensable entre les deux pays en plus de l’entraide sécuritaire. Pour ce qui est des variantes, il y a d’un moment à l’autre des pressions de part et d’autre sur certains dossiers, notamment l’affaire du Sahara, Sebta et Mellilia. Ainsi, on peut dire que les positions hostiles du PP ne sont pas en mesure d’ébranler les relations stratégiques entre les deux pays.

Quel est le rôle que doivent jouer nos partis politiques ?
Nos partis sont appelés à ouvrir des canaux de communication avec les partis espagnols. Il ne faut pas concevoir les choses d’un point de vue simpliste en disant que ce parti est contre le Maroc et l’autre est avec le Maroc. Avec l’Espagne, nous avons affaire à des institutions constitutionnelles constantes, loin de l’alternance des partis. Il n’est nullement de l’intérêt du Maroc de rompre ses relations avec l’Espagne. Ce qu’il faut c’est savoir gérer les contradictions avec l’Espagne.

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