Il disait en parlant de la France et des Français «tant auprès de la droite que de la gauche, nous n’avons que des amis, que nous estimons et qui nous estiment»
Il n’est pas anodin pour notre pays d’être le lieu de villégiature des deux probables futurs candidats aux prochaines élections présidentielles françaises. Certes, le Maroc est un lieu de détente garanti qui attire une élite française qui, à trois heures de vol, se trouve dans ce qu’à l’époque coloniale elle qualifiait de «Californie française». Bien sûr que le soleil marocain d’automne est un merveilleux adjuvant de la farnienté. Oui, la ville ocre est enivrante. Oui, le charme ensorcelant de Marrakech et celui de ses riads apaisants sont de forts arguments. Mais tout cela ne saurait suffire pour expliquer cette simultanéité. Il faut la chercher dans la relation, que dis-je, dans l’affection entre les élites des deux pays. Le Maroc et la France ont des intérêts bien compris et des connivences dans lesquelles chacun se retrouve.
Car, le choix de villégiature d’un homme politique, quel qu’il soit, reste aussi un geste politique. Depuis 1956, les gouvernements changent, l’amitié entre les Marocains et les Français demeure. Et si Dominique Strauss-Kahn, enfant d’Agadir, a des attaches filiales avec le Maroc, comme c’est le cas d’un Dominique de Villepin ou d’une Elisabeth Guigou, il a en plus un riad apparemment superbe qu’il possède avec sa femme, Anne Sinclair. Le Maroc est donc sa maison secondaire. Sarkozy lui, à l’instar son prédécesseur, Jacques Chirac, éternel amoureux de la Gazelle d’or, enseigne prestigieuse de Taroudant, semble se découvrir une passion estivale pour notre pays.
L’affectif n’exclut pas le politique donc. Et la vision française du Maroc semble reposer sur une forme construction politique qui n’exclut ni le désir, ni la nostalgie, ni le romantisme, voire même le folklore. N’a-t-on pas vu, à l’occasion du Festival de cinéma de Marrakech où il était à l’honneur, le cinéma français, presque dans son intégralité, fouler le tapis rouge dans une communion avec un public marocain ravi.
On rêverait presque d’avoir les mêmes relations avec notre voisin espagnol. S’il n’y avait malheureusement chez celui-ci une forme d’indigestion historique et un goût pour la maurophobie qui polluent nos relations.