La Faculté de droit de l’Université Mohammed I a abrité, samedi dernier, la soutenance d’un Master consacré au secret professionnel dans le domaine de la presse : «Étendue et limites du secret professionnel: application à la presse» soutenu par l’étudiant Zahreddine Taybi, qui est en même temps directeur de publication d’un journal régional. Une étude de 185 pages qui a abordé une thématique d’actualité en la plaçant dans un contexte général, à savoir le secret professionnel des différentes professions : médecine ou justice entre autres. Dès son introduction, Taybi a précisé qu’il a placé le débat dans un contexte plus large pour bien cerner la signification du secret des sources chez un journaliste. D’un côté, il faut défendre le journaliste lorsqu’il protège ses sources, mais comment doit-il accéder à l’information lorsque lui-même ne viole pas le secret des autres : «le journaliste est entre deux principes contradictoires : celui qu’il proclame et revendique et qu’il refuse de dévoiler d’un côté et le droit de tout savoir sur les autres afin de se faire distinguer comme journaliste au courant des secrets des autres tout en sachant qu’il n’a pas le droit au préalable». Mais à quoi servirait un article s’il se contente de redire ce que tout un chacun sait ? C’est un dilemme pour le journaliste.
L’intervenant a, par la suite, exliqué que le choix du secret professionnel comme thème de recherche n’est certes pas nouveau dans le domaine de la recherche scientifique. Plusieurs chercheurs ont abordé ce sujet de différents angles, qu’il s’agisse du secret professionnel médical ou du secret professionnel d’avocat ou même du secret professionnel des banquiers. Par contre, le secret professionnel chez le journaliste est souvent resté dans l’ombre, au moins au Maroc, bien qu’il soit souvent mentionné par l’éthique et rarement respecté dans la pratique. La problématique se rapportant au secret professionnel pour un journaliste se situe là où finit la protection des sources journalistiques, et là où commence la levée de cette protection. Autrement dit, quand le journaliste serait dans l’obligation de divulguer ses sources ? Et qu’en est-il des étendues et limites de ce secret s’agissant de la presse? C’est ce qu’a essayé d’expliquer l’argumentaire de l’étudiant journaliste, tout en précisant que le secret est, pour le journaliste, sa raison d’être et surtout son fonds de commerce. Le secret professionnel proprement dit n’existe pas pour le journaliste, il ne constitue que l’un des obstacles qui jalonnent son parcours quotidien. L’avocat défend, le médecin soigne, le juge sanctionne, pour eux, le secret est un passage obligé de l’exercice de la profession, une caractéristique légale et non le cœur de leur activité.