Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud sort enfin de son silence avec trois sorties médiatiques lundi 3 janvier. Etant loin de sa famille pendant plus de quatre mois, ce militant sahraoui ne pouvait plus supporter la situation de black-out médiatique. Mustapha Salma, qui se trouve depuis plus d’un mois à Nouakchott, a déclaré finalement ne pas avoir opté pour un pays particulier de résidence. Son seul souhait est de rejoindre sa famille à n’importe quel endroit au monde. Dans un entretien téléphonique, depuis la Mauritanie, diffusé, lundi 3 janvier, par la deuxième chaîne de télévision «2M», il a fait savoir que son premier souci consiste à retrouver et à rejoindre sa famille, en dépit des prétextes avancés par l’Algérie. Il a mis l’accent sur la nécessité de lui permettre de retrouver sa famille dans les camps de Tindouf, en territoire algérien, car il s’agit, a-t-il dit; «de son droit et d’un droit humanitaire». C’est ainsi donc que le calvaire de ce militant sahraoui se poursuit, malgré le fait qu’il a été libéré, mercredi 1er décembre 2010, après près de trois mois de séquestration par les services de renseignement algériens, durant lesquels il a subi des sévices et des tortures physiques et psychologiques de tous genres. Par ailleurs, il a affirmé que sa cause s’inscrit dans le cadre du militantisme pour permettre aux Sahraouis d’avoir le droit de prendre leurs décisions en toute liberté.
Il a indiqué qu’il milite en faveur des conditions qui permettent aux Sahraouis de prendre leurs décisions en toute liberté. «Nous refusons de devenir de simples Sahraouis à la solde de qui que se soit et nous militons pour être des Sahraouis libres de notre choix», a ajouté M. Ould Sidi Mouloud, précisant que le monde a été persuadé que l’Algérie veut des Sahraouis soumis et obéissants, adoptant le discours algérien et qui soient au service d’un dessein précis. Lundi 3 janvier, dans un entretien téléphonique à «Med Radio» depuis Nouakchott, cet ex-cadre du Polisario, ancien inspecteur général de la police du front séparatiste, a affirmé, par ailleurs, que ses ravisseurs lui ont proposé de se rétracter de ses déclarations en échange de sa libération. «J’ai refusé de revenir sur mes opinions et mes déclarations et de collaborer avec les services sécuritaires pour obtenir ma libération», a souligné M. Ould Sidi Mouloud. A noter que Mustapha Salma avait annoncé, le 9 août 2010, depuis Smara, son soutien à la proposition marocaine d’autonomie comme solution réaliste au conflit au Sahara. Il a expliqué avoir été maltraité durant la période de sa détention. «J’étais incarcéré en plein désert. Le Polisario s’opposait catégoriquement à ce que je retourne aux camps de Tindouf», a souligné Mustapha Salma. Le militant sahraoui a ajouté avoir signifié à ses ravisseurs que «ce sont eux qui se trouvent dans l’embarras et non pas lui car ils sont hantés par la peur de se voir démasqués devant le monde entier et c’est pour cette raison qu’ils lui ont refusé tout contact avec le monde extérieur». Mustapha Salma a fait savoir qu’il a été enlevé dans le désert par des milices du Polisario qui étaient à bord de quatre véhicules militaires. Il a ajouté que ce rapt n’avait rien d’une coïncidence. «J’étais gardé par un groupe de vigiles en tenue militaire et j’étais déplacé chaque nuit pour éviter la localisation de mon lieu de détention», a-t-il soutenu. Mustapha Salma a mis l’accent sur l’implication des services de renseignement algériens dans sa séquestration. Il a affirmé, dans ce cadre, qu’il a été auditionné non pas par un membre du Polisario, mais par un directeur des services de renseignement algériens. Il a souligné que cet interrogatoire a été centré sur les moyens de «m’inculper pour trahison, une accusation vague et difficile à prouver» et qu’il a été coupé du monde durant toute la période de sa détention. Mustapha Salma a souligné, par ailleurs, que les Sahraouis doivent reconsidérer la voie dans laquelle ils se sont engagés et chercher une solution raisonnable et rationnelle à la question du Sahara. Il a déploré le fait que les dirigeants du Polisario n’arrivent pas à se départir de l’idéologie des années 70 et que ce sont eux les responsables du statu quo que connaît la question du Sahara. Après avoir noté que la question du Sahara se trouve actuellement à la croisée des chemins, Ould Sidi Mouloud a appelé à la cohabitation et au rejet de l’extrémisme, des rancunes et des conflits. Il a fait observer que certaines parties ont intérêt à ce que les conflits s’enlisent pour qu’ils puissent en tirer profit. Ould Sidi Mouloud n’a pas manqué aussi de remercier le peuple et les autorités marocains pour les efforts consentis en vue d’obtenir sa libération. Dans une déclaration à la Radio Medi 1, diffusée lundi soir, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud a appelé la communauté internationale à garantir son droit à rejoindre sa famille dans les camps de Tindouf, en territoire algérien. Il a indiqué que «son unique appel au monde est de lui permettre de rejoindre sa famille avec laquelle son destin est lié». «Je vis actuellement une situation de vide», a-t-il dit, soulignant toutefois sa détermination à poursuivre le chemin qu’il avait tracé et ce en dépit des difficultés et des entraves que lui dressent les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume et qui l’avaient menacé de mort. «L’Algérie n’a pas le droit de m’empêcher de rendre visite à mes proches et ma tribu, qui se trouvent dans les camps de Tindouf», a tenu à souligner Mustapha Salma, en rappelant qu’Alger a suivi, durant la période de sa détention, la même procédure avec son père en l’empêchant de rendre visite à sa famille. Un acte qualifié d’«abject et immoral» par Mustapha Salma. A rappeler que le Comité d’action pour la libération d’Ould Sidi Mouloud (CALMS) s’est dit, dimanche 2 janvier, inquiet du retard pris par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), pour permettre au militant sahraoui de rejoindre sa famille. Le CALMS a fait observer «que depuis le 1er décembre 2010, date de son transfèrement par le HCR à Nouakchott, de la prison où il était détenu en Algérie, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud attend toujours de rejoindre sa famille dans les camps de Tindouf, en Algérie».