La France a appelé, mercredi, «plus que jamais à privilégier la voix de l’apaisement et du dialogue» en Tunisie et justifié sa position, après les critiques de l’opposition dénonçant le «silence» de Paris.
Interrogé lors d’un point-presse sur le déploiement de l’armée à Tunis, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, s’est borné à souligner la primauté «de l’apaisement et du dialogue» pour résoudre la crise. Il a aussi rappelé que la France demandait «que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité». Alors que l’opposition socialiste en France dénonce le «silence» de Paris face à la crise sociale et désormais politique qui agite la Tunisie, le porte-parole du gouvernement François Baroin a défendu, mercredi, une «position équilibrée». «Déplorer les violences, appeler à l’apaisement, faire part de ses préoccupations, c’est une position équilibrée que défend aujourd’hui la France au regard de la situation tunisienne», a déclaré M. Baroin à la presse.
«La Tunisie est un ancien protectorat français. Compte tenu de nos liens d’amitié et compte tenu de notre histoire commune, aller plus loin serait faire preuve d’une ingérence qui n’est pas du tout la ligne de la diplomatie française», a-t-il insisté. Depuis le début de la crise tunisienne, le gouvernement français observe une prudente réserve, parfois assortie d’une appréciation positive sur les 23 ans de pouvoir du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. L’armée a été déployée, mercredi, à Tunis et une banlieue populaire, au lendemain des premiers affrontements aux abords de la capitale en près d’un mois d’une crise qui a fait des dizaines de morts et débouché sur une contestation de plus de 20 ans de régime autoritaire. Le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a annoncé le limogeage du ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et la libération de toutes les personnes arrêtées dans le cadre des émeutes sociales. Mercredi, l’Union européenne a condamné l’usage «disproportionné» de la force par la police en Tunisie. La veille, les Etats-Unis avaient fait part de leur préoccupation face à un «usage excessif de la force» envers les manifestants.