Editorial

Éditorial

Il ne faut pas que le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères sur le départ de Moubarak passe inaperçu. Ça serait dommage. C’est la première fois que nos diplomates nous donnent à lire un texte qui sort de la langue de bois habituelle. Je ne sais pas si c’est le sujet, lui-même, l’égypte, qui a déclenché cette créativité inédite ou c’est, simplement, le fait d’une hirondelle esseulée qui accompagne ce singulier printemps de la démocratie arabe. Voyons voir ! Le ton d’abord. Il n’est pas déplaisant. C’est un ton d’une puissance moyenne qui est sûre d’elle-même et de ses institutions. La voix ne tremble pas. Alors que pour des affaires internes, moins compliquées, souvent en relation avec le Sahara, on a bafouillé allègrement. Deuxièmement, l’expertise démocratique. Le communiqué appelle sans détour à un retour à la norme démocratique : élections libres et dévolution du pouvoir aux civils, inscrivant ainsi la voix du Maroc dans le sillage des grandes puissances, en la matière, qui appellent toutes, en permanence, au respect des principes universels de la démocratie et des droits de l’Homme. Le troisième point saillant est celui relatif, si l’on peut dire, à la «diplomatie diplomaticienne» : Le Maroc reconnaît le leadership arabe et continental de l’égypte — un ascendant légitime—, et appelle à sa restauration et à sa préservation en insistant sur le fait historique que l’Egypte a toujours défendu la paix dans la région, les causes arabes légitimes et la stabilité internationale. L’on voit bien que le texte de l’administration de Taïeb Fassi Fihri sonne juste cette fois-ci et démontre à l’évidence que la diplomatie marocaine, quand elle est «inspirée» par des moments historiques, peut se hisser aux standards les plus élevés dans le monde. Mais comme tous les créateurs le savent, l’inspiration est toujours une affaire de transpiration. Particulièrement en ce moment où l’Histoire s’accélère, ça serait bien que nos diplomates retroussent leurs manches et éteignent leurs cigares. A part quelques capitales : Bruxelles, Genève, Londres ou New York, où quelques patriotes sont tous les jours en première ligne, les autres — non moins patriotes, il est vrai — subordonnent, passivement, leurs initiatives à des instructions de Rabat qui ne viendront, peut-être, jamais.

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