La persistance des déséquilibres économiques mondiaux, qui pourraient même s’amplifier, oblige le G20 à tout faire pour les réduire, ont estimé, vendredi, plusieurs responsables de banques centrales réunis à Paris. La réduction de ces déséquilibres est l’une des priorités de la présidence française du Groupe des Vingt cette année mais les ministres des Finances et banquiers centraux de ses Etats membres ont peiné le mois dernier à faire progresser ce dossier, notamment en raison des résistances de la Chine. Ces déséquilibres se traduisent principalement par d’importants déficits courants dans de nombreux pays avancés et par des excédents courants dans de grands pays émergents, principalement la Chine. «Les excédents courants sont revenus ou sont en train de revenir à des niveaux d’avant-crise et je crois que cela va s’accentuer en raison du fait que la hausse récente des prix du pétrole pourrait s’accélérer», a dit Axel Weber, le président de la Bundesbank, lors d’un colloque organisé par la Banque de France. L’envolée des cours du baril et celle de nombreuses autres matières premières, agricoles entre autres, favorise la remontée de l’inflation dans la plupart des pays avancés et émergents. Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a laissé entendre jeudi que la BCE pourrait remonter ses taux le mois prochain pour prévenir des effets de «second tour», c’est-à-dire la propagation de cette poussée inflationniste à l’ensemble des prix et notamment aux salaires. Les banquiers centraux, responsables politiques et économistes qui ont participé aux débats de vendredi ont presque tous souligné les risques liés aux déséquilibres macroéconomiques, notamment ceux des balances courantes. «Ces déséquilibres vont persister pendant une longue, longue période», a dit Mario Draghi, un autre membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Le G20 a conclu le 19 février un accord sur un ensemble réduit d’indicateurs de mesures des déséquilibres mais la Chine a refusé que ceux-ci incluent les taux de change et les réserves de changes. Pékin, qui détient les premières réserves de change du monde, est accusé régulièrement par certains de ses grands partenaires commerciaux, Etats-Unis en tête, d’entretenir la sous-évaluation de sa monnaie.