Société

Discours de SM le Roi Mohammed VI : Quand un Roi-citoyen prend la tête de la Révolution citoyenne !

© D.R

Quel est le Sénégalais (ou Sénégalaise) qui n’a pas eu une pensée affectueuse et amicale pour le Maroc quand l’inévitable et majestueuse déferlante de la Révolution citoyenne a tapé aux portes du Royaume chérifien ! Bien sûr que nous savions le peuple marocain fidèle à son histoire et à ses grands élans, mais nous savions aussi que la « Révolution citoyenne dans la partie afro-arabe du continent africain », tout en étant un tsunami politique rédempteur, ne pouvait épargner le Maroc. Toutefois notre consolation était dans le fait de savoir que son Roi, sans attendre, avait déjà placé le Royaume dans la rampe de lancement des réformes indispensables. Or donc la Révolution citoyenne s’est invitée au Maroc, comme partout sans demander la permission. Mais à la différence de partout ailleurs, Sa Majesté le Roi Mohammed VI l’a accueillie la sérénité dans le cœur, comme si son vœu plusieurs fois affiché de voir la société marocaine bouger, innover et se positionner dans le 21ème siècle, était enfin exaucée ! Ce n’est que par cette métaphore d’un Roi qui surfe sur l’élan de son peuple, pour d’abord en être fier et ensuite pour lui ouvrir de larges boulevards et de grands chantiers jusque et y compris le «chantier constitutionnel» (formule au demeurant fort exquise qui rappelle le raffinement intellectuel du peuple marocain), que l’on peut pleinement appréhender ce qui se passe dans ce pays ami et frère du mien, le Sénégal. Une telle posture permet une relecture plus féconde du majestueux discours de Mohammed VI au milieu des bourrasques réformatrices en œuvre dans la partie septentrionale de notre continent. Là où la totalité des pays du Nord de l’Afrique ont vacillé et ont été secoués dans leurs fondements, le Maroc, au milieu de la tempête,  a semblé plutôt afficher une aise et un confort surprenants et prometteurs ! Déconstruire un discours c’est bien traquer dans ses interstices, par delà les «dits», les non-dits, les omissions volontaires ou involontaires, afin de pouvoir disséquer le message dans toute sa complexité y compris dans la complexité de son émetteur (le Roi) et son récepteur (le peuple). Un tel exercice nous a été facilité par le discours dans le genre «droit au but, car nous sommes ensemble !» professé par Sa Majesté ! Annoncer en effet un plan de régionalisation parmi les plus hardies du continent «pour une gestion démocratique des affaires de la région», proclamer sans ambages l’amazighité «patrimoine commun de tous les Marocains, sans exclusive», rappeler que «le dispositif constitutionnel démocratique constitue le socle et la quintessence de la dynamique réformatrice profonde en cours», exiger que soit encouragé «par la loi l’égal accès des hommes et des femmes aux fonctions électives», brandir le beau concept politique de «compromis historique» qui aura la «force d’un nouveau Pacte entre le Trône et le Peuple», tout ceci présuppose que Sa Majesté le Roi Mohammed VI ait anticipé de longue date sur la manière d’opérer le lifting du système pour qu’il soit plus beau, plus enviable, plus en phase avec son époque et plus digne d’un Maroc en quête d’une Renaissance institutionnelle qui soit démocratique, parlementaire, judiciaire, citoyenne, économique, culturelle et sociale. Une telle Renaissance, pour qu’elle soit authentique, ne pouvait remettre en cause ce qui fait l’essence de la marocanité du Maroc c’est-à-dire «l’Islam en tant que religion de l’Etat garant de la liberté de culte, la commanderie des croyants, le régime monarchique, l’unité nationale, l’intégrité territoriale et le choix démocratique». Adossé sur de telles convictions partagées entre un Peuple et son Roi, Mohammed VI ne pouvait que réussir la prouesse contenue dans son discours où il ne renie nullement sa responsabilité sacrée d’incarner l’essence de son pays, tout en faisant le choix dicté par l’évolution historique normale de déconcentrer, décentraliser, et même délocaliser le pouvoir en mettant chaque candidat à son exercice devant ses responsabilités historiques. Une fois la nouvelle Constitution étoffée par l’expertise nationale en la matière, toilettée et parée de ses oripeaux de belle mariée par la classe politique à l’unisson, adoubée enfin par le peuple via un référendum, ce choix fera désormais qu’au Maroc on aura «un Roi qui règne donc incarne, agit et défend en tout lieu et en toutes circonstances les intérêts supérieurs et vitaux de la Nation, un gouvernement qui gouverne avec des responsabilités pleines et entières et selon un programme soumis au peuple qui l’a approuvé lors de joutes électorales démocratiques et transparentes, une opposition qui s’oppose et qui offre constamment des alternatives programmatiques et politiques, et enfin une société civile  qui veille, qui surveille, qui alerte et qui approfondit les sillons de la bataille sans fin pour plus de démocratie, plus de droits humains et plus de progrès». En usant de cette belle formule du «compromis historique» qui a fait fureur dans les années 70 dans l’Italie de l’engagement généreux et radical, dans le Sénégal du philosophe théoricien Babacar Sine et dans les cénacles politico-philosophiques du marxisme groupusculaire et convalescent post Mai-68, Sa Majesté prouve au reste du monde sa vaste érudition et son ancrage générationnel avec les combattants «grassroots» des causes politiques citoyennes partout dans le monde contemporain (Obama et bien d’autres). En cela Mohammed VI mérite encore davantage notre grande estime en tant que nous sommes tous ses compagnons dans les grands chantiers de l’espérance et de la Renaissance que notre génération brandit chaque jour à la face du monde afin qu’émerge partout en Afrique et dans le monde un leadership nouveau, jeune, rénové, novateur, moderne, attaché à l’initiative politique citoyenne, aux droits humains, aux institutions démocratiques fortes et pérennes et non aux Hommes forts … aux pieds d’argile. Pour toutes ces raisons, il nous est apparu que pour Sa Majesté Mohammed VI, réformer ce n’est pas faire des concessions au peuple et au Mouvement démocratique citoyen, bien au contraire ! C’est plutôt leur donner raison, les précéder parfois dans cette raison, en vrai leader donner chair et forme à cette raison, en un mot comme en mille raisonner la raison pour qu’elle continue de servir la raison c’est-à-dire la vérité, c’est-à-dire l’Histoire, et l’Histoire c’est l’autre façon de nommer les combats et les victoires des peuples dans leur quête toujours inassouvie de plus de démocratie, de justice, de liberté et de bonheur ! Adopter une telle attitude c’est proposer un compromis à l’Histoire, donc opérer un «compromis historique», c’est-à-dire faire preuve d’anticipation, de vision prospective des promesses du futur, en se mettant sans hésiter  à califourchon sur le dos de l’Histoire pour accompagner ses soubresauts et non les subir et en souffrir ! Notre espérance qui est aussi un vœu fort est que le Roi, le Peuple, le Mouvement démocratique marocain triomphent ensemble. Ils en ont le ressort moral et la capacité historique car l’Etat marocain n’est pas né en 1960 (année de naissance au forceps de l’indépendance de la plupart des états africains). Cet Etat est plusieurs fois centenaire et taquine même le millénaire s’il est vrai que nos ancêtres du Fouta Toro (région du Nord Sénégal) avaient noué les premiers contacts et les premières relations avec le Maroc dès les années 900. C’est ainsi du reste que chaque grande famille de cette région du Sénégal revendique ou «s’invente au besoin» un ancêtre marocain (homme ou femme). Là se cache peut-être la raison de la lune de miel millénaire et sans fin entre le Maroc et le Sénégal et le pourquoi de notre sensibilité extrême à tout ce qui concerne le Maroc! Lune de miel, amitié solide et complicité historique que rien ne peut perturber au point que Marocains et Sénégalais sont devenus «pile et face» de la même pièce, chaque fois que vous retournez l’un vous obtenez l’autre ! Que Dieu veille donc sur le Maroc et ses nouveaux chantiers constitutionnels et démocratiques, et  qu’Il continue de protéger son grand peuple et de bénir Sa Majesté le Roi Mohammed VI !

  Par Dr. Cheikh Tidiane Gadio
    Ancien ministre d’état, ministre des Affaires étrangères de la République du Sénégal

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