Editorial

Éditorial

Les discussions sur le Code de la presse et le Conseil national de la presse (CNP) reprennent
concomitamment avec la tenue de l’assemblée générale de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux. Ce sont là deux bonnes nouvelles. Une forte expression d’une volonté politique pour régler les affaires de presse qui ont de l’avis général, et désormais apaisé, trop terni inutilement l’image démocratique du Maroc. Et une nouvelle dynamique fédérale d’une profession qui en temps de crise profonde — une crise de modèle politique et de modèle économique — avec les pouvoirs publics a dépensé de l’énergie, a consenti des sacrifices et des concessions morales plus pour rester unie que pour développer une quelconque défense structurée d’intérêts corporatistes raisonnés. En face le rideau était presque fermé sauf pour deux instances stratégiques — la commission paritaire et la Commission de la carte de presse — qui ont continué à travailler et à entretenir la flamme d’un partenariat responsable avec un ministère qui a été plus souvent victime des agissements obscurs de fractions régressives et autoritaires de l’Etat — la fameuse main de la sage-femme — qu’auteur lui-même de la crise avec le secteur. A un moment nous nous sommes retrouvés, tous, dans le même panier face à une sorte de stigmatisation collective, durable et inutile. Aujourd’hui, les choses ont changé. Véritablement. Le discours royal du 9 mars 2011, quelles que soient ses traductions constitutionnelles, a changé le paradigme de la vision, de l’analyse et de la projection que l’on pouvait avoir sur l’avenir démocratique et professionnel des médias et du secteur de la presse dans notre pays. Ce qui faisait débat hier, ne le fait plus : c’est un acquis désormais. Personne ne peut continuer à «criminaliser» le délit de presse ou d’opinion, à traiter d’une manière extrajudiciaire les affaires de presse, ou à considérer que notre métier n’est pas tenu par des exigences rigoureuses de vérification de l’information, de respect de la vie privée, de refus de l’abaissement du « goût public », de l’injure, de la diffamation ou par des impératifs déontologiques universellement incontournables. Ceux qui, parfois, de l’intérieur même des institutions corporatistes ou professionnelles, agissaient contre les intérêts du secteur, leur temps est fini. Ceux qui opposaient l’article 19 à leurs confrères en difficultés, sur des questions de liberté d’expression, leur temps est fini. Ceux qui masquaient leurs barbouzeries séculaires par de fausses médiations en faveur des journalistes dans le collimateur de la justice, leur temps est fini. Et finalement ceux — pas si nombreux au total — qui font un fructueux commerce de la pseudo défense de la monarchie qui n’a jamais été attaquée dans son essence par le secteur, leur temps est fini, car la monarchie s’est rangée comme toujours du côté de la Nation. Que reste-t-il maintenant ? Une chose capitale. Nous voulons — selon la rhétorique du moment — que notre métier qui se nourrit essentiellement de la liberté trouve un écho solennel de ses préoccupations, de ses défis et de son avenir dans le nouveau texte constitutionnel. Nous estimons que notre rôle est vital dans la construction démocratique, dans sa régulation, et qu’à ce titre la mention constitutionnelle à un Conseil national de la presse (CNP) ne serait ni surprenante ni superfétatoire. Cela serait une manière formidable de sortir d’un long tunnel sans issue dans lequel on marchait hagards en tournant le dos à la lumière. Il nous faut marcher, aujourd’hui, dans le sens de la lumière. Encore quelques mètres et nous y serons.

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