Economie

Déficit : Le FMI durcit le ton à l’égard des Etats-Unis

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Une question se pose désormais, celle de savoir ce que Washington fera des remarques du Fonds. Dans la salve de rapports qui ont ponctué les réunions organisées par le FMI et le G20 à Washington, l’un d’entre eux pointe du doigt le déficit américain et s’interroge sur la capacité de Washington de le réduire de moitié d’ici 2013, s’attirant une réponse immédiate du Trésor garantissant que les promesses seront tenues. «Le FMI fait tout à coup de son mieux pour paraître impartial», souligne Eswar Prasad, ancien responsable de l’institution monétaire internationale. Selon lui, un tel revirement s’explique notamment par les demandes de plus en plus pressantes des économies émergentes qui réclament du FMI une surveillance plus étroite des pays développés, tenus pour responsables de la crise de 2007 à 2009. Parmi ces nations, les Etats-Unis n’échappent pas, loin s’en faut, aux critiques les plus virulentes et, signe des temps, ils ne semblent pas s’en offusquer. Timothy Geithner, secrétaire au Trésor et ancien du FMI, a réagi samedi, expliquant que les Etats-Unis «saluaient l’annonce d’une surveillance accrue de leurs politiques budgétaires et monétaires». Le durcissement de ton adopté par le Fonds s’explique en outre par la publication en février d’un rapport interne montrant qu’il n’était pas parvenu à détecter à temps les signes avant-coureurs de la crise financière, en particulier parce qu’il est «trop influencé voire intimidé par les pays riches». Depuis le déclenchement de la crise financière, la politique monétaire américaine a perdu de sa superbe. Les marchés émergents, autrefois l’objet de condescendants conseils des économies développées, ont commencé à remettre ouvertement en question les lignes directrices posées par les Etats-Unis. «Certains pays, responsables de la crise la plus grave depuis la Grande dépression, et qui doivent encore résoudre leurs propres problèmes, semblent toujours vouloir prescrire des codes de conduite au reste du monde», a lancé, samedi, Guido Mantega, ministre brésilien des Finances. De nombreuses économies émergentes ont amassé de monumentales réserves de devises, le plus souvent pour se prémunir du risque de devoir un jour tendre leur sébile au FMI en l’échange de prêts assortis de conditions draconiennes. Ragaillardis et sûrs de leurs forces, les pays émergents réclament désormais du FMI qu’il traite les économies développées avec la sévérité qui était la sienne lorsqu’ils souffraient de maux semblables. Domenico Lombardi, qui préside l’Oxford Institute for Economic Policy, juge que le ton inhabituellement sévère adopté par le FMI à l’égard des Etats-Unis est une manière de montrer qu’il peut se montrer impartial dans ses rapports aux pays riches, comme le recommande le programme adopté par les membres du G20.

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