Editorial

Éditorial

La mort de Ben Laden signifie-t-elle la mort du jihadisme ou sa relance? Nous sommes manifestement dans le deuxième cas de figure. La mort d’Oussama Ben Laden est une victoire symbolique. Elle se réduit à des avantages psychologiques — surtout pour les Américains durablement traumatisés par les attentats du 11 septembre —  mais elle ne confère pas encore un avantage stratégique à quiconque. La nébuleuse Al Qaïda fonctionne depuis longtemps sans centre et ses périphéries sont autonomes. La doctrine en elle-même est assez simple, elle s’auto-entretient sous toutes les latitudes. Elle sert de détonateur à des actes terroristes dont l’origine n’est plus traçable. Des acteurs étatiques et des acteurs non-étatiques utilisent désormais ce label jihadiste au gré des circonstances, au gré des intérêts et des enjeux géopolitiques. En Afrique du Nord et au Sahel particulièrement, cette confusion a atteint des sommets de terrorisme, de manipulation et de cynisme meurtrier dont le pic criminel a été atteint en Algérie où, du GSPC à l’AQMI, les cartes se sont brouillées dans les vastes dunes du désert. Aujourd’hui, la lutte antiterroriste internationale ne passe plus par la neutralisation physique d’un leader réel ou supposé aussi charismatique soit-il. Elle passe par un jeu loyal, cartes sur table, de tous les acteurs étatiques en une mobilisation réelle, structurée et dense contre le terrorisme. Le double jeu, la duplicité, la manipulation, la déloyauté restent les non-«valeurs» les plus partagées dans cette galaxie interlope. Notre région est la première à en souffrir.

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