Chroniques

Label marocanité : Fassad

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Le mot «Fassad» est devenu, depuis le 20 février,  le mot le plus opulent du répertoire politique marocain. Terme générique, presque magique, il désigne une série de situations à dénoncer et que le citoyen ne supporte plus tant elles érodent la citoyenneté elle-même.
Fassad est abusivement traduit par corruption qui n’en exprime pas toute l’étendue. Le traduire par prévarication, mot moins usité et plus savant, serait plus juste. La prévarication est un  manquement grave dans les responsabilités d’un détenteur de pouvoir. C’est un terme très adapté au fonctionnaire ou à l’homme d’État. Il concerne par exemple le juge qui ne respecte pas les devoirs de sa charge ou le responsable d’un marché public qui abuse de son influence. L’abus, ici, se situe généralement dans la gestion et les actes de mauvaise foi qui permettent à un responsable d’une mission qui, en échange d’un service, transgresse la règle qu’il est censé appliquer. On peut aussi utiliser aussi le mot concussion qui veut dire à peu près la même chose.
La prévarication, c’est en quelque sorte le Fassad d’en haut. Il est totalement condamnable. Mais qu’en est-il du Fassad d’en bas.
Lorsqu’un malade, qui veut faire une opération dans une clinique, se voit demander par le médecin de payer au noir, c’est du Fassad indigne.
Lorsqu’un militant abandonne son poste de fonctionnaire pour se consacrer exclusivement au militantisme abandonnant, par voie de conséquence, les citoyens qu’il est censé servir, c’est du Fassad manifeste.
Lorsqu’un universitaire ne vient pas à son cours sans même prendre le soin de prévenir ses étudiants, c’est du Fassad pédagogique. Qu’un chercheur publie rarement pour ne pas dire jamais les résultats de ses recherche, c’est du Fassad scientifique.
Lorsqu’un fonctionnaire quitte à 11h30, le vendredi pour aller à la prière, et ne revient plus à son bureau, c’est du Fassad au nom d’une religion qui dénonce le Fassad.
Lorsqu’un journaliste, quel qu’en soit le talent, diffame, vilipende et fait du chantage grâce à son journal, c’est et du Fassad  et de la non assistance à opinion en danger.
Lorsqu’un professeur de lycée, islamiste ou marxiste soit-il, embrigade les jeunes pour inoculer son idéologie au lieu de divulguer le savoir et faire de la pédagogie, c’est du Fassad moral.
Lorsque le douanier ferme les yeux sur une cargaison contre 100 dirhams, c’est non seulement du Fassad mais un élément qui menace la sécurité du pays. Je suis un immigré et j’ai vécu plusieurs fois cette situation.
Le Fassad d’en haut et l’enrichissement indu grèvent l’économie et les potentialités du pays. Le Fassad d’en bas touche directement le gens. C’est ce qui les insupporte le plus.

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