Les Marocains commémorent, ce lundi, le huitième anniversaire des attentats terroristes du 16 mai à Casablanca. Avec beaucoup d’émotion, les Marocains se souviennent, ce jour-là, de ces actes criminels ayant fait 45 morts et plusieurs blessés. Cette année, la commémoration intervient dans des circonstances assez spéciales. Outre l’attentat terroriste de Marrakech, ce huitième anniversaire intervient peu de temps après la libération de plusieurs détenus de la Salafiya Jihadia dans le cadre d’une grâce royale intervenue le jeudi 14 avril au profit de 190 personnes. Les détenus de la Salafiya ont vu dans cette initiative le déclenchement d’un processus de réconciliation comme mesure d’accompagnement de la période de la refondation constitutionnelle. Selon Abderrahim Mouhtad, président de l’Association Annassir, les détenus de la Salafiya Jihadia sont actuellement au nombre de 900 personnes. Annassir a saisi l’occasion de la commémoration de ce huitième anniversaire des attentats du 16 mai pour relancer le dossier des détenus. «La commémoration du huitième anniversaire des attentats du 16 mai est une occasion pour se rappeler des victimes de ces actes odieux. Après le 16 mai tout a changé. Ces attentats ont accéléré l’adoption de la loi antiterroriste qui a donné lieu à plusieurs arrestations parmi les citoyens. Le 16 mai constitue le point de départ d’une injustice qui a touché plusieurs personnes. Certes, il y a une partie des détenus qui est impliquée dans ces attentats et qui purge actuellement sa peine dans les prisons, mais la grande partie des détenus est constituée de personnes innocentes. Des personnes qui ont perdu leur famille, leur commerce et leur vie», souligne M. Mouhtad dans une déclaration à ALM. «Depuis 2004, l’Association Annassir a pris en charge la mission de défendre ces détenus et faire entendre leurs doléances. Nous étions les premiers à dénoncer cette injustice. Au moment où les gens disaient que toutes les personnes détenues en marge de ces attentats étaient des criminelles, nous avons dit le contraire. Nous avons ainsi réussi à mettre en exergue l’innocence de certains détenus. Comme nous avons fourni un soutien psychologique aux familles des détenus», souligne le président de l’Association Annassir. Selon ce dernier, il revient aujourd’hui aux diverses composantes de la société marocaine de plaider au profit de la libération des détenus de la Salafiya. «En 2003, la société marocaine est descendue dans la rue pour dénoncer le terrorisme, aujourd’hui nous appelons les partis politiques, les associations de défense des droits de l’Homme et les syndicats à se mobiliser pour donner à l’Etat toutes les garanties nécessaires pour que ces détenus retrouvent leur liberté. Il est clair que l’Etat reste méfiant à l’égard de ces détenus. S’il prend l’initiative de les libérer il devra les contrôler. Or, il n’a pas les moyens suffisants pour le faire. Donc, les garanties apportées par la société civile et politique sont les seules qui peuvent garantir cette libération», souligne M. Mouhtad. Le président de l’Association Annassir estime, par ailleurs, que l’attentat de Marrakech n’aura pas un impact sur le processus de réconciliation. «On ne peut pas dire aujourd’hui que le processus de réconciliation a été retardé suite à l’attentat de Marrakech. Mohamed Sebbar, secrétaire général du CNDH, a dit récemment qu’il œuvre pour trouver une solution de cette affaire sans fixer une date précise. D’ailleurs, toutes les déclarations des responsables de l’Etat, des acteurs politiques et des défenseurs des droits de l’Homme s’accordent pour dire que l’attentat de Marrakech ne doit nullement impacter le processus de réforme dans lequel s’est engagé le pays», souligne-t-il.