Les chantiers ouverts par le Wali de Casablanca préfigurent une illustration du rôle et du champ d’action assignés à ces supers gouverneurs lors de leur nomination solennelle en juillet 2001, par S.M. le Roi, dans les principales régions du pays . Ils donnent aussi un avant-goût de la complexité et de l’enchevêtrement des dossiers qu’ils sont appelés à manipuler pour une mise à niveau volontariste des villes et régions placées sous leur autorité. Ils ouvrent également le champ de la réflexion sur l’applicabilité du nouveau concept d’autorité au niveau de l’administration territoriale et urbaine. En un mot, ces chantiers tracent l’éventail des prérogatives et de l’aire d’intervention de ces grands commis de l’Etat appelés à démontrer que tout ce qui touche la vie du citoyen, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, a désormais, sous l’angle de la valorisation de ce citoyen, une importance capitale.
La personnalité de Driss Benhima, dont l’ambition, la compétence et l’audace sont des attributs qui lui sont unanimement reconnus, se trouve en prise avec un vaste chantier et un challenge à la mesure de l’ampleur de ses centres d’intérêt, de la polyvalence de sa formation et de l’expérience qu’il a accumulée dans la gestion de la chose publique, de départements et de dossiers extrêmement sensibles. Casablanca, pour sa part, par sa folie des grandeurs, par le rôle de mégapole qu’elle est appelée à jouer, par la cristallisation de l’ensemble des problèmes d’une grande ville d’un pays en développement, enviée pour l’opulence qu’elle représente ou qu’elle promet, vilipendée pour les maux qu’elle génère, est aussi dotée d’une fierté, d’une haute idée d’elle-même qui frôle l’arrogance et l’hypertrophie de l’égo.
Alors, dans ce compagnonnage, dans ce face à face, on est en train de voir la fin des préliminaires et des rounds d’observation, et les choses sérieuses ont commencé. Passée la période des diagnostics, des analyses et des concertations, le docteur Benhima prescrit, opère et n’hésite pas à trancher dans le vif, lorsqu’il est convaincu que la gangrène menace.
Le style de l’homme pourrait irriter, mais les problèmes de Casablanca sont arrivés à un tel point que toute démarche qui démontre son efficacité sur le terrain et qui promet de réconcilier cette grande cité avec son histoire et avec les ambitions de modernité et de bien-être qu’il lui est arrivé d’incarner par le passé, est la bienvenue.
Le chantier est, bien entendu, énorme. Il appelle la conjugaison des efforts de tous les acteurs et de toutes les compétences dont Casablanca ne manque nullement. Mais, il faudra aussi mettre un terme à toutes les formes de fatalisme et d’attitudes défaitistes qui encouragent la passivité et laissent le libre-champ à l’anarchie et la magouille. Ce sont ces niches coupables qu’il s’agit de débusquer et de combattre, au nom de la citoyenneté et du devoir.