Culture

Parution : «Le destin des soeurs Bennani-Smirès», une mmersion dans le Maroc moderne

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Sexe, argent et religion, c’est ce qui fait bouger le monde. Aussi le monde dessiné dans «Le destin des sœurs Bennani-Smirès», le dernier roman de l’écrivain Jacob Cohen paru en août dernier aux éditions Edilivre. Ce livre raconte le cheminement de trois femmes, Rita, Sofia et Fatima, issues de la haute bourgeoisie marocaine. A travers le choix de trois héroïnes, l’écrivain nous offre une immersion dans les mystères du monde féminin et du coup, une plongée plus en profondeur dans la société marocaine contemporaine, ses contradictions, ses bouleversements et les forces antinomiques qui l’animent. Jacob Cohen dresse les contours d’une caste dont la jeunesse dorée «valse avec les millions». Il nous précipite dans le quotidien de la jet set, ses repères, ses affaires, ses histoires, ses lieux branchés, ses soirées débridées… sans manquer d’évoquer l’envers du décor. La quête de vraisemblance et le désir de traduire une réalité sociale font que l’écrivain adopte une écriture efficace. Observateur averti, bien documenté et imprégné du mode de vie bourgeois, il partage son regard aguerri, usant d’un scénario ficelé, de dialogues et d’attitudes appropriés aux registres de ses personnages : «-Voilà la quintessence de la classe dirigeante. On y retrouve tous les traits. L’arrogance, la superficialité, l’exhibitionnisme, l’impudeur, le mépris du peuple. Voilà sa progéniture, avide et corrompue, totalement déconnectée de la réalité. Tu vois leurs lunettes de soleil, juste pour la frime ? C’est une grande marque italienne. Chaque paire équivaut à deux mois de ton salaire.
– Non mais… Quel culot ! s’indigna Samira. Je te ferai payer ton insolence». Jacob Cohen pousse le réalisme jusqu’à situer l’intrigue dans des lieux communs de Casablanca (la Corniche, le Kiotori, Chez Paul, Theo’Beach, la Mosquée Hassan II…) et des personnages bien existants. On reconnaît par exemple Karim Daoudi, le collectionneur et marchand d’art casablancais ou encore Aherdan le nom du politique berbère, sans parler d’autres noms fassis tous aussi connus : Alaoui, Chraibi, Filali, Kabbaje, Benjelloun, Guessous…
Une fois le décor posé par l’auteur, le chemin que suivra chacune des trois sœurs Bennani-Smirès ne sera pas celui conditionné par leur appartenance sociale. Au fil des quinze chapitres et jusqu’au dernier, les clichés et les préjugés s’estompent. Rita, la vingtaine, finit par sortir de sa bulle de fille huppée et superficielle en rencontrant un jeune homme issu du peuple. Avec lui, elle découvre une foi et un engagement insoupçonnés. Fatima, la trentaine, professeur universitaire, est depuis deux ans une femme casée. Elle met fin à un mariage conventionnel pour reprendre son militantisme pour une société éclairée et laïque. Sofia, quant à elle, est une femme d’affaire à succès. Belle, indépendante et riche, aucun homme ne parvient à la combler, mais sa rencontre avec une diplomate américaine en poste à Rabat change sa perception de l’amour. Chacune des sœurs suivra sa destinée, cherchant son épanouissement et s’affranchissant du poids de la société, jusqu’à menacer le lien familial, si transcendant chez les Bennani-Smirès. Relèveront-elles le défi ?

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